On a testé Enfers et fantômes d’Asie au Musée du Quai Branly (75)
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  • Description
  • Lieu & Horaires
  • Tarifs
  • Synopsis

    Les représentations du monde des morts dans la culture vivante en Chine, au Japon et en Thaïlande.

    Ce qu’il faut savoir

    Difficile de résumer la diversité de cette exposition en quelques lignes. 

    Pour résumer un peu le sujet, on peut rappeler que les fantômes font partie de la culture vivante en Asie. Ces derniers sont les seuls à exister dans le bouddhisme. Les enfers, les monstres et autres créatures sont issus des croyances locales, ce qui explique les disparités entre les trois pays mis en lumière dans l’exposition (Chine, Japon et Thaïlande).

    Le bouddhisme croit en la réincarnation, qui se fait à partir du karma (somme de bonnes et de mauvaises actions) du défunt. Centrale dans les récits bouddhistes, la descente aux enfers est absente des représentations indiennes, mais omniprésente en Chine, au Japon et en Thaïlande. Comme dans l’art occidental, ces scènes de jugement des âmes servent d’avertissement aux spectateurs, lui conseillant ainsi de suivre le droit chemin pour éviter la damnation.

    L’enfer diffère en fonction des régions. En Chine, il y en aurait 10, avec 10 cours de justice, dirigées chacune par un roi-juge. Les voleurs et les tricheurs sont brulés, les dépravés frits dans des chaudrons, les ingrats découpés et les médisants se font trancher la langue. Mais quelques âmes rachètent leurs fautes pour éviter certains supplices. La famille du défunt organise un rite funéraire et fait jouer des pièces de théâtre pour aider le disparu. La pièce Mulian, qui fait étrangement écho au mythe de Thésée, est de loin le plus populaire.

    En Thaïlande, le monde est divisé en trois: l’Enfer, la Terre et le Paradis. Les figures de l’au-delà sont moins diversifiées, mais on retrouve différents niveaux dans chacun des mondes. Ainsi, plus on descend dans les enfers, plus les créatures et les supplices sont diaboliques. Les damnés deviennent des revenants affamés (phi pet) ou des monstres au visage de chien ou de buffle, symbole d’impureté. Il existe également une hiérarchie dans les esprits. Certains sont civilisés, ils se nourrissent d’offrandes, d’autres sont plus sauvages et voraces. Ils attaquent les animaux ou les nouveau-nés, leurs proies favorites.

    Au Japon, on note une très grande diversité de fantômes, largement diffusée par la littérature médiévale, les estampes et le théâtre nô, et qui fera les belles heures du cinéma J-Horror. Ces représentations, qu’on retrouve entre autre chez Hokusai, étaient de bons augures. Elles étaient exposées dans les maisons, les commerces ou les temples. Les japonais pensent également que lors de la cérémonie des morts (équivalent de la fête des morts mexicaine), les esprits passent par l’illustration « yurei » pour sortir des enfers, avant d’y retourner.

    Quand les fantômes mettent en danger la vie des vivants, il faut se référer à un exorciste. En Chine, le fachi utilise des pierres et des talismans pour identifier et apaiser l’esprit vengeur. Pour se protéger de ces esprits, on danse en Chine et au Japon, et on porte des amulettes en Thaïlande. Et pour éviter que les âmes reviennent hanter les vivants, les familles doivent honorer leurs ancêtres, surtout au cours du 7eme mois lunaire, mois des fantômes. Des sacrifices qui permettent d’équilibrer son karma et de sauver ces âmes damnées de l’enfer, car la mort n’est qu’une étape avant la réincarnation dans le bouddhisme. 

    Des croyances millénaires, toujours aussi présentes, et qui laisse présager que le monde des enfers n’est pas prêt de disparaître.

    L’exposition

    Des fantômes, des enfers, des juges et des supplices… L’équipe du Quai Branly a naturellement (et malicieusement) fait un pari : faire peur aux visiteurs. 

    Enfers et fantômes d’Asie, Quai Branly, Jacques Chirac, expositionStatuette de Phi Krasus, Thaïlande, 2016

    Pour y parvenir, 5 ans auront été nécessaire pour élaborer cette exposition. Plusieurs institutions, dont le Musée de l’Orient de Lisbonne, ont accepté de prêter des objets et le Musée du Quai Branly a fait réaliser d’autres œuvres, dont certaines monumentales. 

    Enfers et fantômes d’Asie, Quai Branly, Jacques Chirac, expositionCouple de géant phi prêt, Thaïlande, 2016

    L’exposition présente ainsi une très grande variété d’objets, allant de l’art ancien (bouddhas, parchemin, masques ou encore estampes) à des productions contemporaines (statues, mangas, jeux vidéos, films).

    Enfers et fantômes d’Asie, Quai Branly, Jacques Chirac, expositionLe fantôme d’Okiku, Hokusai, estampe, 1830-1831

    Enfers et fantômes d’Asie, Quai Branly, Jacques Chirac, expositionPhi Ta Khon, l’esprit des lieux en Thaïlande

    Enfers et fantômes d’Asie, Quai Branly, Jacques Chirac, expositionTêtes et figurines de démons, Japon, années 1960

    Pour coller avec la thématique et l’effet de terreur souhaitée, l’équipe du Quai Branly a également fait preuve d’une très grande inventivité dans sa scénographie. Chaque pièce plonge le visiteur dans un environnement singulier. La lumière tamisée, le brouillard, les bruits, les lanternes… toute fait écho à l’au-delà.

    Enfers et fantômes d’Asie, Quai Branly, Jacques Chirac, expositionCostume d’Hannya, masque et kimono de théâtre nô, Japon, second moitié du XIXe siècle

    Enfers et fantômes d’Asie, Quai Branly, Jacques Chirac, expositionScénographie de l’exposition: mains sortant des enfers

    Enfers et fantômes d’Asie, Quai Branly, Jacques Chirac, expositionScénographie de l’exposition: le J-horror

    La visite débute aux portes de l’enfer, où les âmes sont jugées et condamnées à errer sur terre. 

    Enfers et fantômes d’Asie, Quai Branly, Jacques Chirac, exposition

    Afin de les sauver, le visiteur devient un boddhisattva (un sage qui aide les âmes perdues à se réincarner), défiant les continents et les époques pour offrir la rédemption à des créatures toutes plus terrifiantes les unes que les autres. 

    Enfers et fantômes d’Asie, Quai Branly, Jacques Chirac, expositionTête volante de Phi Pêt, Thaïlande, 2016

    Enfers et fantômes d’Asie, Quai Branly, Jacques Chirac, expositionLe culte des ancêtres: l’une des voies vers la réincarnation

    Une chasse aux fantômes qui offre quelques frayeurs mais aussi quelques sourires sarcastiques. Le pari de retranscrire l’univers du film d’horreur asiatique est relevé.

    Enfers et fantômes d’Asie, Quai Branly, Jacques Chirac, expositionVampires-sauteurs, Chine

    Mon avis

    J’attendais énormément de cette exposition, tant la thématique est originale et la promesse alléchante... J’avoue avoir été très agréablement surprise. La scénographie dépassait mes attentes et la diversité des objets réussit à retranscrire toute la diversité de ce sujet. Une exposition à voir absolument, peut être sans enfants en bas âge, et peut être pas seul…


    Bonus

    Quelques monstres croisés dans l’exposition 

    http://www.lemonde.fr/arts/visuel/2018/04/13/huit-spectres-croises-dans-enfers-et-fantomes-d-asie_5285219_1655012.html


    Sources:

    Enfers et fantômes d’Asie, Connaissances des arts, Hors séries, avril 2018

  • Horaires

    Du mardi au dimanche de 11h à 19h

    Nocturne jusqu'à 21h les jeudi, vendredi et samedi

    Fermeture le lundi

  • Tarif plein : 12€

    Tarif réduit: 9€

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