Synopsis

Une rétrospective de l’œuvre d’Auguste Lançon, artiste complet du XIXe siècle

Ce qu’il faut savoir

Au musée d’Orsay, il y a les artistes qui retiennent toutes les attentions et il y a ceux qu’on ne voit pas, et pas toujours à juste titre. Auguste Lançon fait partie de cette seconde catégorie.

Né à St-Claude dans le Jura en 1836, Auguste Lançon est formé aux Ecoles des Beaux-Arts de Lyon puis de Paris. Fasciné par le travail de Barye, il se spécialise un temps dans les représentations animales avant de diversifier son répertoire. Lançon est un touche-à-tout : il peint, sculpte et grave, il élabore la maquette du Lion de Belfort, et illustre des ouvrages d’Hachetteou des revues comme le Monde Illustré.

Artiste pluriel, Auguste Lançon est également engagé politiquement. Il couvrira le conflit de 1870, participera à la Commune (ce qui lui vaudra 6 mois d’emprisonnement), puis partira pour les Balkans comme peintre militaire en 1877. Il meurt en 1887, à 48 ans.

La production de cet artiste virtuose est extrêmement diversifiée. Il sait retranscrire toute la gloire et la grâce des animaux sauvages, saisir la force de la nature, la banalité du quotidien des ecclésiastiques, la fragilité de la vie humaine et l’horreur de la guerre, dans un style qui lui est propre. Les œuvres sont sombres, enrichies par une multitude de détails et qui ne traduisent jamais de sentiment de pathos, mais une très grande dignité, presque une fierté mal placée.

Admiré par ses pairs dont Vincent Van Gogh, Auguste Lançon est présent dans de nombreux musées nationaux. Mais malheureusement, la postérité n’a pas été juste avec cet artiste.

L’exposition

Enfouies dans les réserves du Musée de Nuits-St-Georges, des œuvres attendaient patiemment d’être sorties de leur sommeil. L’attente a sans doute été longue, mais leur style et leur expressivité ont permis de sortir de l’anonymat un artiste injustement oublié.

Vue de l’exposition: Pâturage, Entrée d’un village et Route près d’un village, Musée des Beaux-Arts de Dole, CH 12, legs Eugène Chalon 1911

Un ménage d’émigrants irlandais dans un lodging house de Drury Lane, Auguste (André) Lançon, La rue à Londres, Jules Vallès, 1884, Gravure, h.31.5 x l.45 cm, Médiathèque de la Communauté de Communes Haut-Jura Saint-Claude Cote : RESERVE FL LAN

Pour redécouvrir Auguste Lançon, le musée municipal n’a pas hésité à multiplier les prêts dans différentes institutions, dont celles de Dole et d’Orsay, ainsi que chez les collectionneurs privés.

Une allée de « Regent’s Park », Auguste (André) Lançon, La rue à Londres, Jules Vallès, 1884, Gravure, h.31.5 x l.45 cm, Médiathèque de la Communauté de Communes Haut-Jura Saint-Claude Cote : RESERVE FL LAN

Le parcours est thématique, et bien qu’il reste assez classique, la profusion et la diversité des œuvres font toute la force de l’exposition.

Étude de lion, Auguste (André) Lançon, Huile sur toile, h. 21.5 x l. 33.7 cm, Collection Musée municipal de Pontarlier, Inv. 60 A 88

Une production sombre, mais qui attire l’œil et qui capte voire hypnotise le visiteur. Une fascination qui persiste tout au long de l’exposition avant de nous laisser sur un terrible sentiment d’injustice devant la non reconnaissance de ce virtuose.

La tonsure, La vie des trappistes, Auguste (André) Lançon Reproduction d’une gravure, h. 18.8 x l. 24 cm, Ville de Saint-Claude, Archives Municipales

Trappiste nourrissant les poules, La vie des trappistes, Auguste (André) Lançon Reproduction d’une gravure, h. 18.8 x l. 24 cm, Ville de Saint-Claude, Archives Municipales

Mon avis

Difficile de prendre la décision de faire sortir de l’ombre un artiste inconnu même si on a eu un coup de cœur. Les goûts et les couleurs ne se discutent pas, mais c’est surtout la crédibilité d’une institution que l’on met en jeu.

Cependant, en pointant sur Auguste Lançon, le musée de Nuits-St-George a joué son rôle de passeur de culture, en mettant en avant un artiste méconnu mais fascinant. Une jolie découverte. A faire en famille ou avec des adolescents.

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