On a testé Mondes tsiganes au Musée National de l’Histoire de l’Immigration (75)
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  • Description
  • Lieu & Horaires
  • Tarifs
  • Synopsis

    Le « catalogage photographique » des communautés gitanes entre 1860 et nos jours

    Ce qu’il faut savoir

    Originaire d’Inde, les Tsiganes, qu’on appelle aussi gitans, bohémiens ou encore Gens du Voyage (selon la définition administrative française du 3 janvier 1969) sont attestés en Europe dès le XIVe siècle. Aujourd’hui présents sur tous les continents, les Tsiganes ont su au cours des siècles développer une culture spécifique, qui varie d’une communauté à une autre.

    Longtemps ignorés sans pour autant être stigmatisés, les manouches deviennent à la mode partir des années 1860. Leur vie de bohème fascine les artistes, et les gitans se retrouvent au cœur des représentations artistiques.

    A cette époque, l’anthropologie est en plein essor. La tendance est à la collecte de mœurs et des cultures qui sont menacées par la société moderne. Ainsi, afin de conserver une trace de ce mode de vie si particulier, des scientifiques se focalisent sur l’étude des populations tsiganes, qui se prêtent bien volontiers au jeu de la photographie, puis à celui de la caméra pour livrer des scènes de vie plus ou moins exagérées.

    La soudaine mise en lumière de ces communautés nomades finit par attirer l’œil de l’Administration. Cette dernière met alors en place toute une série de loi visant à pister ces populations dites instables. Ils sont alors enregistrés, dotés de carnet anthropométrique, utilisés pour des études raciales, obligés de se déplacer constamment mais refusés aux frontières. Une stigmatisation qui attendra son point culminant entre 1940, avec les camps d’internement. A leur sortie, les tsiganes ne retrouvent ni leur roulotte, ni leurs chevaux, ni leur entière liberté. Il faudra attendre les années 1950 et l’apparition de plusieurs associations pour que les « gens du voyage » retrouvent une place dans la société.

    Bien que les tsiganes ne soient pas considérés comme des immigrés en France, ils partagent un sentiment commun avec ces derniers, en n’étant ni d’ici et ni d’ailleurs. Une raison suffisante pour les faire entrer dans ce temple à l’Autre qu’est le Musée National de l’Histoire de l’Immigration.

    L’exposition

    L’exposition s’articule en deux parties : avant et après 1980. Deux temps pour noter le changement qui s’est opéré dans la perception des populations gitanes.

    Mondes tsiganes, fabrique des images, photos, gitans, manouche, musée de l’immigrationPortraits de face et de profil de bohémiens, famille Lagrène et Reinhard, Jacques-Philippe Potteau, 1865, tirage d’époque

    Mondes tsiganes, fabrique des images, photos, gitans, manouche, musée de l’immigrationHabitations et vie quotidienne à Bagnolet, Montreuil, Noisy-le-Sec, Romainville et Rosny, Matéo Maximotti, années 1960 à 1977

    La première partie regroupe plusieurs types d’objets, à l’origine entre autre des légendes sur les tsiganes. Les photographies de face et de profil se multiplient, les femmes dansent et chantent dans des extraits cinématographiques et le passage des bohémiens alimente la presse et l’imaginaire.

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    Mondes tsiganes, fabrique des images, photos, gitans, manouche, musée de l’immigrationFamilles gypsies en Irlande, Inge Morath, 1964

    Mondes tsiganes, fabrique des images, photos, gitans, manouche, musée de l’immigrationAutoportrait d’Emile Savitry à la terrasse d’un café à Toulon, Emile Savitry, 1933

    Pourtant, ces portraits souriants cachent une toute autre réalité, comme le prouvent les carnets anthropométrie, et les différents documents attestant d’un fichage administratif.

    Mondes tsiganes, fabrique des images, photos, gitans, manouche, musée de l’immigrationCarnets anthropométriques et notices signalétiques, 1920

    Mondes tsiganes, fabrique des images, photos, gitans, manouche, musée de l’immigrationCarnets anthropométriques et notices signalétiques, 1920

    La seconde est axée sur le travail de photographie actuelle, cherchant à saisir le vrai visage des gitans. Un travail délicat entre reportage ethnologique et voyeurisme qui peut mettre mal à l’aise.Mondes tsiganes, fabrique des images, photos, gitans, manouche, musée de l’immigrationUne des photographies de Mathieu Pernot sur la famille Gorgan

    L’exposition a pris le parti d’axer sa thématique sur les clichés que nous avons de ces communautés, afin d’amener le visiteur à comprendre que ces idées reçues sont extrêmement restrictives, et que ces communautés sont bien moins futiles qu’elles nous semblent.

    Mondes tsiganes, fabrique des images, photos, gitans, manouche, musée de l’immigrationPortraits de gitans aux Saintes-Marie-de-la-Mer, François Kollar, 1939

    Une exposition originale qui retranscrit toute la grandeur et de la dignité d’une communauté mal menée par l’Histoire.

    Mondes tsiganes, fabrique des images, photos, gitans, manouche, musée de l’immigrationPanneau de restriction ou d’interdiction de stationnement, année 1950-1960

    Mon avis

    Le sujet est délicat car il touche au cliché et à l’amalgame tout en ayant un coté voyeur. Il nous met également face à la précarité sociale et aux dérives administratives. Pourtant, contre toute attente, l’exposition rend véritablement hommage aux populations tsiganes. La figure du gitan s’impose et dépasse ces aprioris pour laisser place à la dignité, le courage envers et contre tous. Une leçon d’humanité et un appel à la tolérance.



    Dossier de presse Tsiganes, la fabrique des images

    http://www.histoire-immigration.fr/

  • Horaires

    Du mardi au vendredi de 10h à 17h30. 

    Le samedi et le dimanche de 10h à 19h.

    Fermé le lundi

  • Tarif unique: 6€

    Gratuit pour les moins de 26 ans et pour tous le premier dimanche de chaque mois