[Réactualisé saison 3] Versailles, on mate ou on zappe?
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  • Entre le 16 novembre et le 14 décembre 2015, Canal + a diffusé la première saison de sa nouvelle série originale Versailles. Une nouvelle série historique, dans la veine des Borgia ou des Tudors, au budget de 27 millions d’euros pour la première saison (la série la plus chère de la télévision française), qui était un peu attendue au tournant. Mais le pari est réussi grâce à un bon équilibre entre fiction et faits historiques.

    Versailles saison 1

    Synopsis

    En 1667, Louis XIV a 28 ans. Le jeune roi, en quête d’autorité et de reconnaissance, cherche le moyen de s’imposer et mater les potentiels rébellions des nobles, dont il a été témoin dans son enfance (la Fronde). L’idée de Versailles germe alors dans son esprit. En transformant un simple pavillon de chasse en un château à la hauteur de ses ambitions politiques, Louis XIV devient petit à petit un monarque absolu.

    Les personnages centraux dans la saison 1

    Versailles la série ©DéMUSEElé, critique série, zappe ou mate

    Louis XIV (1638-1715)

    C’est sans doute le premier monarque qui vient à l’esprit quand on parle des rois qui ont marqué la France. Surnommé le Roi-Soleil, son règne durera 72 ans (un record pour un roi français). Il monte sur le trône à l’âge de 5 ans, mais n’assurera ses fonctions qu’en 1655, à l’âge de 16 ans, après que sa mère Anne d’Autriche est assurée la Régence.

    Durant son enfance, Louis « Dieudonné » est marqué par la Fronde, période durant laquelle les parlementaires et les nobles vont tenter de renverser la monarchie, mais aussi par la maladie, dont il réchappe miraculeusement, notamment en 1658, lorsqu’il contracte la fièvre typhoïde qui lui fera perdre la quasi totalité de ses cheveux, l’obligeant à porter des perruques.

    Il se positionnera au cours de son règne en souverain absolu, qui se passera de premier ministre et qui adoptera continuellement la politique du « diviser pour mieux régner ». Louis XIV est un fin stratège militaire, il lie des alliances, provoque ses ennemis et tente de faire de la France la plus grande puissance européenne et mondiale, en accentuant une politique coloniale. Il fortifie les villes grâce au concours de Vauban, négocie les conquêtes (en récupérant entre autre la Franche-Comté) mais il mène également un vrai mécénat artistique. Initié par Mazarin, qui était un grand collectionneur d’art, Louis XIV encourage la création théâtrale, littéraire et musicale, avec Molière, Racine et Lully. Il soutient la conception de grands jardins dits à la Française et révolutionne les codes architecturaux, en imaginant un vaste château à Versailles. A partir de 1682, il y installe la noblesse, pour la surveiller et la contrôler, et impose une étiquette très précise.

    Marié « bon gré mal gré » à l’infante d’Espagne, Marie-Thérèse d’Autriche, dont il est doublement cousin germains en 1660 à Saint-Jean-de-Luz, le Roi est surtout connu pour ses relations extra-conjugales avec ses favorites, dont la très célèbre Madame de Montespan. A sa mort, ce sera son petit-fils qui montera sur le trône en tant que Louis XV.

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    Marie-Thérèse d’Autriche (1638-1683)

    Née en Espagne, dans une cour très catholique, la future reine n’aura pas une vie très réjouissante. Son père, dont les occupations étaient relativement primaire (la chasse et la guerre), est également un coureur de jupons, trompant sa femme, la reine Elisabeth de France. Cette dernière, d’un tempérament renfermé, restera très affectée par la mort de ses nombreux enfants en bas âge. Elle meurt peu après sa 8eme couche, alors que Marie-Thérèse est encore enfant. A 22 ans, elle épouse, comme elle le souhaitait le roi de France, dans le Sud de la France. Elle apporte avec elle la première orange à la cour et du chocolat. Elle n’arrivera jamais véritablement à maîtriser la langue française, mais il semble qu’elle la comprenait très bien. Mal à l’aise avec les méthodes de la cour, elle va rapidement se mettre en retrait, préférant restée avec ses dames de compagnie espagnoles, et devenant aux yeux de sa belle-mère un « ventre ». Elle aura 6 enfants en dix ans (entre 1661 et 1672), dont un seul atteindra l’âge adulte (le Grand Dauphin). Brièvement régente de France, lorsque Louis XIV part en guerre contre la Hollande, la reine ne s’intéresse cependant pas aux questions de politique. Elle meurt en 1683, d’une septicémie due à un abcès mal soigné, après avoir déclaré : « Depuis que je suis reine, je n’ai eu qu’un seul jour heureux ». Le Roi reconnaîtra à l’annonce de son décès, « voilà le premier chagrin qu’elle me cause ».

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    Philippe de France, dit Monsieur, frère du Roi (1640-1701)

    A sa naissance, sa mère et le cardinal Mazarin décide d’élever le frère cadet du roi comme une petite fille, pour éviter de futurs conflits de succession. Une éducation qui portera ses fruits, transformant le frère du roi en un garçon efféminé et « futile », qui continuera à se comporter comme une fille à l’âge adulte, en portant des robes et en se poudrant. Les historiens s’accordent à dire que Philippe sera initié aux pratiques homosexuelles (qu’on appelle le vice italien en France et le mal français dans le Palatinat) par un des neveux de Mazarin. Il entretient par la suite des relations avec des favoris (ou mignons), dont le Chevalier de Lorraine, avec qui il restera pendant 30 ans. Forcé au mariage, il épousera Henriette d’Angleterre puis la princesse Palatine en secondes noces. Jaloux, et effrayé à l’idée de devoir élever l’enfant d’un autre, il honorera ses épouses. Il aura ainsi six enfants.

    Aussi riche que son frère, il possède deux résidences principales : Palais-Royal et le Château de Saint-Cloud. Philippe joue également un rôle de mécène, lançant entre autre la carrière de Molière. Chef de guerre, il combat pour Louis XIV en Hollande, dont il sort victorieux. Il meurt d’une crise d’apoplexie, après une dispute avec son frère au sujet du mariage de ses enfants.

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    Henriette d’Angleterre (1644-1670)

    Petite fille d’Henri IV (de France), la princesse est la fille du roi Charles Ier d’Angleterre et d’Ecosse et de la reine Henriette-Marie de France. A sa naissance, son pays est en guerre civile, et son père décide de l’envoyer en France, auprès de ses compatriotes réfugiés à la cour française pour la protéger. Elevée un temps au couvent, puis au Louvre avec sa mère, elle est marquée par la Fronde. Sa famille restaurée sur le trône, elle devient un parti idéal pour le frère du Roi, permettant ainsi de renforcer les liens entre les deux anciens pays ennemis. Appréciée par Louis XIV, que la Cour soupçonnera d’être amants, elle apparaît à de très nombreuses fêtes. En 1670, le Roi lui confit une mission diplomatique pour s’assurer de la signature du traité de Douvres par son frère, roi d’Angleterre. Elle meurt 15 jours après cette mission, d’une longue agonie qui reste encore non élucidée. Certains historiens ont avancé l’hypothèse qu’elle est été empoisonnée par le chevalier de Lorraine, dont elle avait obtenu du Roi l’exil à Rome.

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    Le Chevalier de Lorraine (1643-1702)

    Personnage sulfureux, décrit comme "beau comme un ange mais dénué de tout sens moral", le chevalier est l’amant du frère du roi. Intriguant, il complote contre les épouses de Monsieur, se disputant ouvertement avec elle. Condamné par le roi à un exil en Italie, il devra son retour à Monsieur (frère du roi) qui refuse de se remarier tant que la condamnation ne fut pas levée. Le Chevalier passe au total 30 ans au côté de son amant, mais il aura également des enfants de ses différentes conquêtes. Débauché, il aura plusieurs accrochages avec le Roi. En vieillissant, il procurera de nombreux amants à Monsieur. Il n’est pas attesté que le Chevalier éprouvait le moindre sentiment à l’égard de celui-ci, contrairement à lui.

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    Madame de Montespan (1640-1707)

    Mariée dès 1663 au marquis de Montespan, qui décède en 1691, Athénaïs rencontre le Roi en automne 1666, alors que ce dernier entretient une relation avec Louise de La Vallière. Ce dernier ne remarque pas immédiatement la marquise. Ce n’est que 8 ans plus tard, alors que sa relation avec Louise bat de l’aile que le Roi va tomber sous le charme de la jeune ambitieuse, qui devient sa favorite. Orgueilleuse, elle exerce un vrai pouvoir sur le Roi, qui lui confit tous les secrets de la cour. Elle obtient le soutien ou le respect d’une grande partie de la cour. Elle raffole du luxe, et initie le roi à ce goût de magnificence. Elle encourage également la production artistique, se faisant mécène de La Fontaine ou encore Molière. Surnommé la Sultane Reine, elle donnera 7 enfants au Roi, dont quatre atteindront l’âge adulte et 6 seront reconnus par Louis XIV.

    Cependant, sa beauté passe assez rapidement et la marquise commence à grossir. Angoissée à l’idée de perdre le Roi, elle se tourne vers des vendeurs de potions et de filtres d’amour pour garder son amour. On la dit impliquée dans l’affaire des Poisons, allant jusqu’à célébrer des messes noires dans lesquelles sont sacrifiés des enfants. Des suppositions que les historiens n’ont toujours pas pu réfutées mais qui n’ont jamais inquiétées la Montespan. A partir de 1683, elle perd les faveurs du Roi, mais demeure à la cour, où elle continue à organiser des fêtes. En 1691, elle se retire à Paris et vit en pénitente, terrifiée à l’idée de mourir. Elle meurt au cours d’une cure, après s’être confessée publiquement.

    Ce qui marche

    Produite par Canal +, la série se voulait historique. Cependant, on sait qu’il est difficile de conjuguer une fiction grand public avec la rigueur historique, qui plus est pour une période aussi complexe et riche que celle du règne de Louis XIV. C’est sans doute dans ce souci de cohérence que la production a fait appel à Mathieu Da Vinha. Directeur scientifique du Centre de recherche du Château de Versailles depuis 11 ans, il a accepté de devenir consultant historique. Auteur de plusieurs livres de vulgarisation et intervenant régulier pour Secrets d’Histoire (France 2), l’historien a collaboré avec l’équipe pour rendre la série un peu plus véridique. Et même s’il est vrai que la chronologie n’est pas respectée, cette collaboration se voit.

    Tout d’abord, elle se voit dans le traitement des caractères des personnages : Louis XIV qui s’impose progressivement, Philippe d’Orléans déchiré entre ses sentiments et ses ambitions, ou encore le Chevalier de Lorraine calculateur et immoral. Mais c’est surtout la relation entre le roi et son frère qui est le plus saisissant dans cette série, tout simplement car même si certains sauront que Monsieur a été élevé comme une petite fille pour ne pas faire d’ombre à son frère, très peu de personne ont pensé aux conséquences sur leur relation et sur les agissements de Philippe d’Orléans.

    Deuxième point, on remarque tout au long de la saison que la série laisse une petite place à des détails historiques qui ont aussi rythmé le règne de Louis XIV : les prémices des cartes géographiques de Cassini, le projet des Invalides, les orangers qui arrivent avec la reine Marie-Thérèse d’Autriche ou encore la création de l’Etiquette Versaillaise. A noter aussi la place des femmes qu’on entrevoit dans la série. Fait avéré, l’utilisation d’Henriette comme diplomate et fait fictif, la femme médecin, mais l’idée générale est là, Louis XIV est le roi de la modernité et du changement.

    Enfin, dernier point, malgré le non-respect de la chronologie pour offrir un programme rythmé d’intrigues et de complots, la série retranscrit bien l’ambiance qu’il existait à Versailles. Des nobles qui ne souhaitaient pas rester aussi loin de Paris et qui se retrouvent pris au piège dans une cage dorée, la rivalité entre les familles et les alliances, une lutte constante pour obtenir les bonnes grâces du roi, une famille royale soudée mais en conflit perpétuel, et un roi qui bien qu’extrêmement entouré est finalement très seul.

    Ce que l’on regrette

    On regrette que la série ne fasse pas plus de place aux innovations qui arrivent à cette époque. On a parlé des cartes de Cassini, personnage qui n’est pas nommé dans la série, ni même présenté... dommage. Autre remarque, lorsque Louis XIV décide d’installer d’immenses miroirs dans ce qui deviendra la future Galerie des Glaces, il est bien précisé que ce travail délicat sera réalisé par des vénitiens. Seulement, il aurait été intéressant d’évoquer que la réalisation de ces miroirs/glaces se fera finalement en France, sous l’impulsion de Colbert (encore une absence regrettable) qui va créer la Manufacture Royale de glaces de miroirs.

    On mate donc Versailles, mais si on veut en savoir plus, on n’hésite pas à aller voir ailleurs : livres, reportages ou encore le MOOC gratuit sur Louis XIV (ici). Et enfin, si on veut être calé en Roi-Soleil, on fait une petite visite au Château de Versailles avec un guide.

     

    Versailles saison 2

    Après le succès de la première saison, vendue à 135 pays, et traduite en 9 langues, Canal a donné son aval pour une seconde et une troisième saison. Diffusée à partir de fin mars 2017, la nouvelle saison compte 10 épisodes qui explorent une période plus sombre, dominée par l’Affaire des Poisons.

    Synopsis

    Henriette est morte depuis 4 ans, et Monsieur n’espère qu’une chose, que son amant en exil à Rome revienne. Louis est tracassé par les affaires de l’Etat, et délaisse la construction de son château. Madame de Montespan s’efforce de conserver son statut de favorite du Roi tandis que la Reine s’enferme de plus en plus dans la religion.

    Personnages introduits/centraux dans la saison 2

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    Madame de Maintenon (1635-1719)

    Née alors que son père, criblé de dettes et soupçonné « d’intelligence » avec les Anglais, est en prison, elle passe ses premiers mois de vie chez sa tante, fervente protestante, avant de partir pour la Martinique avec ses parents. A la mort de ces derniers, elle revient en France, sans argent et retourne chez sa tante, avant que sa marraine obtienne de la reine Anne d’Autriche une lettre de cachet pour récupérer Françoise afin de lui donner une éducation catholique. Elle est alors placée contre son gré dans un couvent à Paris mais accompagne sa marraine dans les Salons. A 16 ans, elle épouse le poète Paul Scarron, beaucoup plus âgé qu’elle mais aussi lourdement handicapé. Il lui offre une vraie éducation culturelle, l’introduit dans les salons du Marais où elle rencontre Madame de Montespan. En 1660, Paul Scarron meurt, en laissant de nombreuses dettes derrière lui. La Reine, sollicitée par ses nombreux amis, lui accorde alors une pension de 2 000 livres. Elle devient, en 1669, la gouvernante des bâtards royaux grâce à l’intervention de Madame de Montespan, qui l’avait introduit à la Cour un an auparavant. Son image de bigote ne l’empêche pas d’être remarquée par le Roi dès 1680, avant de devenir son épouse à la mort de la Reine en 1683. La fin du règne de Louis XIV se fera sous l’influence de Madame de Maintenon, qui instaure un climat d’austérité et encourage à la révocation de l’Edit de Nantes, forçant à l’exil une grande partie des protestants. En 1715, alors que le Roi est à l’agonie, elle se retire dans un pensionnat chargé de l’éducation des jeunes filles nobles désargentées, où elle meurt quatre ans plus tard. 


    La Reynie (1625-1709)

    Le personnage de Fabien Maréchal est fictif, mais de par son caractère et son rôle dans l’affaire des Poisons, il nous évoque celui du lieutenant général de police Gabriel Nicolas de La Reynie, qu’on considère souvent comme le père de la police judiciaire française. Avec des idées novatrices, il révolutionne les méthodes de la police et ramène la sécurité dans Paris, grâce à une taxe sur la boue et l’installation des lanternes. Il se porte juge lors du complot de Latréaumont et conduit l’enquête sur l’affaire des Poisons pendant 4 ans.

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    La Princesse Palatine, dit Liselotte (1652-1722)

    Fille de l’électeur palatin Charles Ier Louis, elle grandit dans une la petite cour allemande protestante. En 1657, au divorce de ses parents, elle part vivre chez sa tante paternelle. Elle retourne à la Cour de son père en 1662, mais n’aime pas l’atmosphère de faux-semblants qui y règne. Souhaitant conserver sa liberté et rester au Palatinat, Liselotte refuse tous les partis jusqu’à la demande de Monsieur, frère du roi. Son père, accepte car cette union permet (en théorie) au Palatinat de devenir neutre face au conflit qui oppose continuellement la France au Saint-Empire romain germanique.

    Après s’être convertie au catholicisme, la princesse épouse Monsieur par procuration en 1671. Leur rencontre a lieu dans une forêt, Monsieur se présentant avec des vêtements féminins. 

    Peu à l’aise à la cour, Liselotte prend également rapidement du poids. Atteinte d’une petite vérole, son physique garde des marques importantes de la maladie : ses dents sont « gâtées », sa peau présente des cicatrices et sa bouche pend. Elle la dit moins féminine que son mari, mais le couple se respecte et aura trois enfants. Louis XIV apprécie également la princesse et aime être en sa compagnie, notamment pour chasser.

    A la mort de son mari, elle croule sous les dettes et craint d’être envoyer au couvent par le Roi. Mais ce dernier lui donne la permission de rester à Versailles et lui accorde une rentre conséquente. Elle meurt en 1722.

    Il existe un Secrets d’histoire sur la Princesse, mais il n’est pas disponible sur Youtube. Par contre, si vous souhaitez aller plus loin, il existe un Sous les Jupons de l’Histoire sur la princesse PalatineHenriette d’AngleterreMadame de Montespan et Louise de la Vallière (la première maîtresse de Louis XIV). 

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    Guillaume III d’Orange (1650-1702)

    Fils unique du stathouder (gouverneur général) Guillaume II d’Orange-Nassau, le jeune prince subit les hostilités des responsables politiques hollandais qui craignaient de le voir prendre trop de pouvoir. En 1672, la France et l’Angleterre lance une coalition contre la Quadruple-Alliance (Provinces-Unies, Empire germanique, Brandebourg et Espagne). En 1672, durant cette opposition, la France dévaste le Palatinat pour déstabiliser Léopold Ier de Brandebourg qui avait accepté de rester neutre avant de se rallier au parti hollandais. Guillaume III devient stathouder et réussit à préserver les intérêts de son pays lors des traités de paix. De cette guerre de Hollande, qui durera de 1672 à 1678, la France sortira triomphante, récupérant entre autre la Franche-Comté. Guillaume restera l’ennemi de Louis XIV pendant près de 30 ans.

    Ce qui fonctionne

    La série s’assombrit et devient un peu moins superficielle dans cette seconde saison, basant une grande partie de son intrigue sur la gente féminine. Le caractère des personnages est assez exacte et l’ensemble des éléments historiques de l’époque est respecté. Ainsi, Louis continue à « diviser pour mieux régner », la Montespan est de plus en plus angoissée à l’idée de perdre le Roi et subit les hostilités de la Reine, et Philippe obtient le retour d’exil de son amant contre le mariage avec une princesse Palatine, dont les témoignages de l’époque atteste de son côté très « brute de décoffrage». La série s’avance sur certains faits, notamment la condamnations à une vie de pénitence par le Roi à Mme de Montespan, mais l’idée reste encore plausible.

    La série reproduit aussi très bien la vie à la cour, avec ses rivalités, ses traîtrises mais aussi et surtout ces fêtes. Le roi ayant « enfermé » la noblesse à la cour pour mieux la surveiller, il ne lésine pas sur les divertissement pour tenir occuper ses prisonniers. Le soir, le palais accueille des représentations théâtrales, des ballets, des jeunes de table. Occasionnellement, de grandes fêtes sont données, pour célébrer les mariages ou les baptêmes, ou pour impressionner les visiteurs étrangers. Les jeux d’eau dans les jardins sont accompagnés de feux d’artifices ou de spectacles pyrotechniques. Le Roi, qui aime être au cœur de l’attention, n’hésite pas à se mettre en scène lors de ses fêtes : il danse avec la troupe du ballet, chante et apparaît dans des pièces de théâtre.

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    On aime aussi les petites allusions aux connaissances de l’époque, comme ce test de grossesse réalisé à partir de vin et d’urine, qui est véridique, ou encore la messe dite en latin. 

    Le traitement de l’Affaire des Poisons, qu’il est impossible de résumer, a le mérite d’être accessible, même si il prend partie pour certaines théories que les spécialistes réfutent, comme les messes noires avec Madame de Montespan ou sa tentative d’assassinat du Roi. Il reste cependant qu’on sait qu’elle se procurait des poudres et des potions pour tenter de garder l’amour du souverain. Une entrée en matière pour l’une des affaires les plus mystérieuses de l’Histoire.

    Ce qui ne marche pas

    Ce qui gâche cette saison, c’est l’introduction de trop nombreux personnages fictifs alors qu’il manque des personnages emblématiques de la vie à Versailles : Molière, Racine ou encore Lully. On regrette également que le personnage de Fabien Maréchal, si proche de celui de la Reynie ne soit pas présenté comme tel.

    Certes, ces derniers rendent l’histoire plus vivante et permette de faire avancer la trame en restituant l’atmosphère et les différentes situations de l’époque, mais ce perpétuel climat de complot est erroné. Le seul complot qui exista sous Louis XIV fut celui de Latréaumont, qui fut démasqué en 1674, conduisant à l’exécution de ses membres.

    L’autre gros problème de la série, c’est le non-respect de la chronologie. La saison 2 est sensé reprendre quatre ans après la mort d’Henriette, or Monsieur se remarie deux ans après son décès. La guerre avec la Hollande se termine en 1678, or Philippe repart en guerre à la fin de la saison, alors que l’affaire des poisons s’achève en 1682. En plus de ce jeu avec l’Histoire, que Claude Chelli, le producteur, reconnaît, la série omet de préciser que le Roi à de nombreux enfants durant cette période, ce qui donne l’impression que tout se passe en un an ou deux. Un sentiment qui est renforcé par des vêtements qui ne changent pas beaucoup au cours des épisodes. La robe noire de la Montespan revient à chaque épisode, alors qu’on la sait très « modeuse ».

    On passera également sur quelques anachronismes, dont le « fais-moi couler un bain » à une époque où en remplissait les baignoires avec des sceaux, une avec de l’eau savonnée pour se laver et une seconde avec de l’eau claire pour se rincer.

    Malgré tout, cette seconde saison confirme que la série reste une bonne série historique, qui donne envie de mieux connaître les intrigues de Versailles. Alexandre Dumas a écrit, « il est permis de violer l’Histoire, à condition qu’on lui fasse de beaux enfants ». Devise respectée pour Versailles.

    On continue donc à mater.


    Versailles saison 3

    En avril 2018, Canal + a diffusé la troisième et dernière saison de la série Versailles. La création originale n’aura pas égalé la longévité d’autres séries historiques, à l’instar des Tudors ou des Borgia, mais a choisi de tirer sa révérence avec un Roi-Soleil en gloire. 

    Synopsis

    « Versailles s’impose comme le cœur palpitant de la France… Philippe rentre victorieux de la guerre. Louis accueille Léopold, l’empereur vaincu, dans la majestueuse galerie des glaces tout juste achevée. Chargé de choisir des prisonniers pour les envoyer aux colonies, Philippe tombe nez à nez sur l’un d’eux, au visage dissimulé par un masque de fer. »

    Les personnages introduits dans la 3èmesaison

    Cette ultime saison introduit peu de nouveaux protagonistes. On peut néanmoins revenir sur quelques personnages centraux. 

    Versailles la série ©DéMUSEElé, critique série, zappe ou mate

    Le roi Leopold 1er de Hongrie

    Né et mort à Vienne en 1640 et 1705, Leopold de Habsbourg est roi de Hongrie, roi de Bohême, archiduc d’Autriche et empereur des romains.

    Il monte sur le trône à 17 ans et se trouve seul pour gérer un héritage complexe, mis à mal par les défaites de la famille. Souverain pacifique, il fait de son empire une terre d’accueil pour les princes déchus et chassés, notamment de Lorraine, à qui il offre des provinces à gouverner.

    Aidé par le développement économique de la fin du XVIIe siècle, l’empereur profite d’une embellie économique pendant une partie de son règne. Il aura 3 épouses, dont la nièce de sa cousine Marie-Thérèse d’Autriche.

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    Le Marquis de Louvois

    François Michel Le Tellier, marquis de Louvois, né en 1641 et mort en 1691, devient secrétaire d’Etat à la Guerre en 1655, alors qu’il est âgé de 15 ans. Après le décès de Colbert, en 1683, il récupère sa charge de surintendant des Bâtiments, Arts et Manufactures de France.

    Il réorganise les armées, lutte contre l’absentéisme et les abus. Il est à l’origine de la construction de l’Hôtel des Invalides. Il organise également des dragonnades, mesures de persécutions des protestants visant à obtenir de nombreuses conversions. Il avait émis le souhait d’être enterré aux Invalides, mais n’y restera que deux ans, avant d’être déplacé à plusieurs reprises. Son tombeau se trouve actuellement dans l’Hôtel-Dieu de Tonnerre. 

    Versailles la série ©DéMUSEElé, critique série, zappe ou mate

    Le masque de fer

    Difficile pour une série à diffusion internationale de passer à côté d’un personnage aussi emblématique que mystérieux. Si l’homme au masque de fer a fait l’objet de nombreuses spéculations au cours de siècle, son identité n’a été découverte qu’en 2016.

    Captif de 1669 à 1703 (34 ans), le prisonnier devient célèbre après son décès. Les rumeurs vont bon train : le frère jumeau du roi, un enfant illégitime, Molière, Fouquet… Alexandre Dumas et Voltaire le placeront au cœur d’un de leur ouvrage. Et plus tard, le cinéma reprendra le mythe.

    Après 350 ans de spéculation, un chercheur américain assure découvert l’identité du prisonnier au masque non pas en fer mais en velours. Le captif se prénommerait Eustache Dauger et était le valet du trésorier de Mazarin. Sans doute témoin de malversations, il aurait été emprisonné et condamné à garder l’anonymat. Grâce au registre des prisons, il a été possible de retracer son parcours.

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    Les protestants

    En 1598, Henri IV promulgue l’Edit de Nantes. Le texte accorde la liberté du culte, de droits civiques et politiques aux protestants. Traité de tolérance, il est remis une première fois en cause avec Louis XIII, qui annule une partie des droits civiques et politiques.

    Toujours en vigueur à l’arrivée de Louis XIV au pouvoir, il est progressivement abrogé à partir de 1663, puis révoqué par l’édit de Fontainebleau en 1685, sous l’influence de Madame de Maintenon et d’une partie de la cour. La réforme est très bien accueillie par le peuple français, qui ne comprend pas le culte des protestants, et qui jalouse leur position sociale (supérieure à la plus part des catholiques, les protestants occupant des postes d’entrepreneur, d’artisans du cuir ou du texte).

    Cette révocation conduit à l’exil de 200 000 « huguenots » vers l’Allemagne, l’Angleterre ou la Suisse. D’autres se soumettront en apparence, conservant leur foi en cachette. Dans son ouvrage, Mémoires pour le rappel des Huguenots, Vauban, maréchal et architecte à l’origine de nombreux édifices défensifs, parlent d’une véritable saignée économique, ce départ mettant à mal l’économie du royaume. Il faudra attendre la Révolution française pour que les protestants soient à nouveau autorisés.

    Ce qui fonctionne

    Cette troisième saison a fait le choix de s’affranchir de l’Histoire et sa chronologie pour conclure la saison en apothéose.  

    Elle s’ouvre donc sur l’inauguration de la Galerie des Glaces, projet lancé dans les premiers épisodes de la série. En réalité achevée en 1684, après le décès de la reine Marie-Thérèse, la construction et son décor traduisent l’apogée de la France. Louis XIV est dans cette décennie au summum de son pouvoir. Endoctriné et flatté par Madame de Maintenon, le roi se sent pousser des ailes, et celui qui était déjà fortement prétentieux, devient complètement mégalo. Une rupture qui est bien retranscrite dans cette saison. 

    La saison souligne également parfaitement le décalage entre le roi, sa cour et le peuple. Les préoccupations sociales et humanistes s’esquissent, les Lumières se profilent. 

    L’intrigue autour de l’homme au masque de fer est assez bien ficelée, le suspense est tenu jusqu’à l’épisode 8 (sur 10). La théorie explorée est originale, si ce n’est inédite, et assez crédible, bien qu’on la sache fantaisiste.

    La saison 3 est définitivement celle de l’affranchissement et de l’audace narrative.

    Ce qui ne fonctionne pas

    En choisissant de jouer avec l’Histoire, la série en a fait un peu trop. Même si on apprécie ce « craquage » complet du roi, on regrette que la fiction ait tant été poussée pour certains personnages, comme le Duc d’Orléans ou Fabien Marchal. 

    On retrouve également moins de détails historiques, l’intrigue étant véritablement tournée sur les manigances politiques. La série semble avoir voulu conclure sur une fin mémorable et glorieuse pour les membres et les proches de la famille royale.

    Versailles se referme mais le Soleil est à son apogée.

    Conclusion globale

    La série Versailles se voulait une fiction historique. En sollicitant Mathieu Vihna, historien XXX, les producteurs souhaitaient saisir les spécificités du règne de Louis XIV. Si cette collaboration est bien marquée dans la première saison, elle est moins flagrante dans la seconde et presque absente dans la troisième.

    La série perd donc son caractère historique au fils des épisodes, au risque d’induire le spectateur en erreur. Pourtant, le potentiel était énorme.

    Il n’empêche que la série reste attractive, bien écrite, et explore les relations humaines à l’intérieur de la cour, proposition généralement peu faite dans les fictions se voulant historiques.

    En conclusion, un peu d’histoire arrangée et beaucoup de psychologie. On regarde donc avec un très grand plaisir. 


    Sources

    http://www.huffingtonpost.fr/pauline-ferrierviaud/...

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    https://fr.wikipedia.org/wiki/Madame_de_Montespan#La_disgr.C3.A2ce

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    https://dailygeekshow.com/identite-homme-masque-fer/

    http://www.parismatch.com/Royal-Blog/royaute-francaise/Tricentenaire-de-la-mort-de-Louis-XIV-Mais-qui-etait-vraiment-le-Masque-de-fer-Interview-de-Jean-Francois-Solnon-livre-legendes-roi-Soleil-819577

    https://www.letemps.ch/culture/louis-xiv-atil-revoque-ledit-nantes

    https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89dit_de_Fontainebleau_(1685)

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Fran%C3%A7ois_Michel_Le_Tellier_de_Louvois

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