Synopsis

De l’invention du papier peint à l’héritage des premiers panoramiques (scènes illustrées sur les papiers peints). 

Ce qu’il faut savoir

Qui n’a pas souvenir d’une pièce dans une maison familiale, souvent cachée de la vue de tous, dans laquelle trône un papier peint aux couleurs passées et aux motifs discutables. A sa vue, vous avez sans doute éclaté de rire, avant de vous voir rétorquer par un propriétaire vexé que « c’était la mode ».

Le papier peint est en effet un objet qui suit la tendance de son époque : décors psychédéliques dans les années 70, motifs fleuris dans les années 30 et scènes exotiques au XVIIIe et XIXe siècle, dont l’un des plus beaux exemples se trouve au château de Champlitte.

Inventé au XVIIIe siècle en France, le papier peint connaît très rapidement un grand succès, car il remplace les tapisseries saisies par la Révolution dans les demeures aristocrates. La réalisation d’un lé demande une très grande minutie et une très grande patience, au moins jusqu’en 1832, date de l’apparition de la mécanisation dans les ateliers de fabrication.

Aujourd’hui la fabrication est industrialisée, mais il existe encore 3 personnes dans le monde, dont une à Tours, capable de réaliser le papier peint comme au XIXe siècle. Toutes les étapes de la fabrication sont détaillées dans ce petit reportage.

Les motifs du papier peint sont choisis pour plaire au plus grand nombre par les ateliers, qui vendent leur réalisation à des commerçants qui sillonneront le pays pour revendre la tapisserie aux plus fortunés. Au XVIIIe siècle, la mode est à l’exotisme, insufflée par les récits des grandes expéditions. L’Ailleurs fait rêver et ces scènes d’une vie quotidienne fantasmée font vendre. Les heureux propriétaires n’hésitent pas à convier leurs amis pour leur présenter leur papier peint, objet de fierté.

L’exposition Murs et Merveilles est née d’une demande : celle des visiteurs du château de Champlitte de pouvoir découvrir l’une des œuvres majeures de l’institution : le papier peint panoramique des Sauvages de la mer Pacifique. Datant de 1804, l’œuvre est très bien documentée et reste aujourd’hui une référence scientifique. Encore visible dans son lieu d’installation initial, le panoramique a bénéficié d’une rénovation avant d’être l’œuvre centrale de cette exposition.

L’exposition

Pour valoriser son panoramique, le Château a choisi de retenir un triple parcours : la naissance du papier peint, l’exotisme dans les panoramiques du XVIIIe siècle et l’héritage de cette vision de l’Ailleurs.

Première salle de l’exposition, © Château de Champlitte

Un des lés du panoramique des Sauvages du Pacifique

Pour l’occasion, le papier peint dit de La grande chasse au tigre du château de Saulx de Vesoul, contemporain des Sauvages, a été restaurée et prêtée. Aussi majestueuses que naïves, les deux œuvres saisissent le visiteur avant de le faire sourire. Des fauves effrayés et des sauvages dépouillés de leurs artifices pour ne pas choquer le spectateur comme l’expliquait Dufour, gérant et éditeur des lés des Sauvages. 

La chasse au tigre du château de Saulx 

Objet d’une tradition artisanale et de mode actuelle, l’exposition réussit à lier les deux aspects du papier peint à travers deux figures : François-Xavier Richard, gérant de l’Atelier d’Offard, qui reproduit la technique traditionnelle de la réalisation du papier peint au XIXe et Caroline Desnoëttes, artiste plasticienne qui a réalisé plusieurs papiers peints pour l’exposition. 

Une des installations de Caroline Desnoëttes

La visite se poursuit ensuite aux étages, avec des intervention du Gang des Chiffonnières, qui interroge sur la notion de sauvage de nos jours. Les vitrines ont été parées de collections en lien avec l’exposition, invitant le visiteur à construire sa propre réflexion sur le sujet.

Installation de l’oeuvre Icons de Mathieu Miljavac dans l’espace du Café, 2008

Sphère armillaire au coeur d’une la pièce de vie du XIXe

Car tout dans ce parcours est construit sur une quête aux trésors: un vieil ouvrage de La Harpe pour interpréter un panoramique, des tentures cachant des bruits étranges, des objets ou des animaux détournés pour alimenter nos peurs et nos goûts artistiques ou d’étranges animations flottantes dans des salles obscures.

Installation visuelle et sonore de Caroline Desnoëttes

Une méduse flotte au-dessus de la apothicairerie

Une exposition à mille lieues sur Terre

Mon avis

En mélangeant art ancien, traditions populaires et art contemporain, le château de Champlitte a réalisé une exposition éclectique qui reste pourtant relativement accessible. Une balade audacieuse dans des univers si différents et pourtant si proches. A faire en famille, en préparant la visite si vous souhaitez y emmener vos enfants.

Sources

https://fr.wikipedia.org/wiki/Les_Sauvages_de_la_m...

Dossier de presse de l’exposition

Tarif plein: 6 € 

Tarif réduit: 4 € 

Groupes : de 3 à 5 € en fonction de l'âge