Synopsis

L’émergence d’un nouveau modèle à partir de la Révolution française

Ce qu’il faut savoir

Dans l’art occidental, il y a une figure qui a été absente pendant plusieurs siècles des représentations : celle du Noir.

Depuis l’Antiquité, l’Europe échange avec l’Afrique, et les populations de couleur ne sont donc pas méconnues du vieux continent. Mais pour autant, elles ne sont que très peu représentées. Quelques artistes, à l’instar de Jérôme Bosch, ont intégré dans quelques unes de leurs œuvres, un personnage à la peau sombre, souvent relégué au second voire au troisième plan. Des figures si rares qu’elles n’ont pas marquées les esprits.

En 1635, la Guadeloupe devient française. Ce nouveau territoire, suivi bientôt par d’autres colonisations, intègre les populations métissées au royaume français. Cette nouvelle occasion de saisir ces nègres et ces métisses sera pourtant un rendez-vous manqué. Les Noirs restent exclus du monde de l’art (et de la société).

Durant les Lumières, les savants s’intéressent à des fins scientifiques à ces hommes et ces femmes de couleur. Décrits, comparés, mesurés, ils sont également classés dans des catégories en fonction de la pureté de leur sang : nègre, métis(se) lorsqu’un des deux parents est blanc, câpre(sse), mélange d’un noir et d’un métis, ou encore un quarteron, un quart de sang noir. La métaphore du bon sauvage les réduit même à de gentils ignares désarmés devant des européens si avancés.

Tout change à la Révolution. Les cartes de la nationalité sont redistribuées et sont définis comme français tous ceux qui adhèrent aux nouvelles idéologies républicaines. Les Noirs deviennent des citoyens. L’abolition (vite avortée) de l’esclavage en 1794 (puis définitivement en 1848), les nouvelles thématiques dans l’art du XIXe et les nouvelles représentations dans celui du XXe siècle permettront enfin à cette minorité invisible de se révéler à la face du monde.

Un long combat, toujours en cours, s’ouvre lors avec cette nouvelle ère. Des hommes et des femmes, esclaves, libres, muse ou domestiques posent pour les plus grands artistes. Certaines œuvres resteront à la postérité, d’autres non, mais une chose est certaine : les Noirs rentreront définitivement dans le monde artistique.

L’exposition retrace les 150 premières années de cette ouverture sociétale.

L’exposition

Organisé autour d’un axe chronologique, le parcours aurait pu se résumer à une simple balade dans l’histoire de l’art occidental. 

3 tableaux dans l’exposition

Femme des colonies, sculpture présentée au salon de 1861 sous le titre la Câpresse ou la Négresse des colonies, 1861

Mais la variété des œuvres, parmi lesquelles des peintures, des sculptures, des photographies ou des extraits de films, leurs différents formats et la force des représentations rendent la visite terriblement vivante. 

Esther se parant pour être présentée au roi Assuérus, dit aussi la toilette d’Esther, Théodore Chassériau, 1842

Jeanne Duval, Édouard Manet, 1862

Si quelques tableaux sont bien sûr très connus, comme l’Olympia de Manet, le Musée a souhaité mettre en avant des œuvres plus intimes, qui sont révélatrices d’une époque et d’une société.

Vue de l’exposition

Joueur de banjo, Pierre Bonnard, 1895

Rien d’étonnants alors de retrouver sur les cartels, les références à ces populations noires : nègre, mulâtre, figures sans nom, sans identité, qui laisseront place aux fils des décennies à des modèles suffisamment influents pour que leur nom reste à la postérité.

Tableaux de l’exposition

Salle dédiée à Joséphine Baker

La multiplication des supports met en évidence le lien évident entre modernité et populations noires. Sans ces représentations fortes, avec leurs prises de position, et sans ses modèles novateurs, la société française et l’art français seraient-ils un modèle universel ?

I like Olympia in a black face, Larry Rivers, 1970

Mon avis

Qui dit thématique originale ne dit pas toujours sujet intéressant ou bien traité. Pourtant, le Musée d’Orsay a réussi à proposer une vraie rétrospective en l’honneur de ces hommes et ses femmes de couleur. Une exposition qui a poussé jusque dans ses retranchements le musée du XIXe, qui a souhaité faire un clin d’œil à l’art contemporain.

A découvrir en famille

Tarif plein : 14€

Tarif réduit : 11€

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