Si je vous dis qu’il existe un lien entre Instagram et Chalon-sur-Saône, vous serez sans doute peu à faire le lien avec Nicéphore Niépce. Pourtant, c’est à ce chalonnais que l’on doit l’invention de la photographie. Une « petite découverte » qui valait bien un musée

Ce qu’il faut savoir

Tout le monde connaît la photographie, tant elle est devenue centrale dans notre quotidien. Internet, les réseaux sociaux ou encore la publicité ont fait de cette découverte initialement scientifique un bien de consommation universel. Aujourd’hui, le numérique nous permet de prendre en photo tout et n’importe quoi. Qui n’a pas déjà pris en photo le numéro d’une place de parking ou fait une copie d’écran d’un vêtement qu’il souhaiterait acquérir ?

Outil illustrant l’un des excès de notre société, la photographie a tout de même réussi à conserver un statut acquis très rapidement et qui lui confère un caractère sacré: celui de la création artistique.

Initialement, la prise de vue est inventée pour remplacer la peinture ou le dessin. Elle est possible grâce au développement de la science au XVIIIe siècle qui permet de fixer les images projetées dans la chambre noire, inventée elle au IVe siècle avant J.C..

En 1780, Jacques Charles réussit à saisir temporairement une silhouette sur un papier imbibé de chlorure d’argent. En 1819, John Herschel décrit les propriétés de ce qui deviendra le fixateur encore en usage de nos jours : l’hyposulfite de sodium.

C’est cette découverte qui permet à Joseph Nicéphore Niépce, un inventeur de Chalon-sur-Saône, de réussir enfin à fixer des images et de créer la première image photographique en 1826, sur laquelle il est encore possible de voir sa maison à St-Loup-de-Varennes, avec un bâtiment, un arbre et une grange. La prise de vue avec un appareil photo a pris plusieurs jours, et l’image est fixée sur une plaque d’étain recouverte de bitume de Judée après 4j d’exposition. Cependant, l’image n’est pas nette, et Niépce change de support et d’activateur. En optant pour une plaque d’argent et de la vapeur d’iode, l’ingénieur obtient enfin le résultat escompté.

En s’alliant avec Louis Daguerre, inventeur et artiste, les deux hommes réussissent à limiter le temps de pose et la précision. Au décès de Niépce en 1833, Daguerre poursuit ses recherches jusqu’au 7 janvier 1839, date à laquelle il présente son invention. Plus performante, plus fiable, le daguerréotype est un succès, immédiatement acquis par l’État français contre une rentre versée à Daguerre mais également au fils de Niépce. L’histoire de la photographie vient tout juste de débuter.

En 1972, un musée qui retrace l’épopée de la photographie est créé à Châlon-sur-Saône, là où Niépce a inventé en partie le procédé. Avec un fond de 3 millions d’images et de 1 500 appareils, l’établissement retrace les grandes étapes de l’histoire de la photographie à la croisée des chemins de la science, de l’art et de la sociologie.

Le Musée

Le musée peut sembler à première vue technique. La première salle décrypte les grands principes de la photographie et balaye l’histoire de la discipline en quelques vitrines. Des vieux objectifs côtoient les appareils jetables, et les revues populaires sont faces à des photographies artistiques. Le musée annonce alors son intention : proposer un voyage initiatique dans le monde de la photographie.

Une chambre photographique, un poster du groupe ACDC, le décor est planté dès la première salle du musée

Contraste dans la présentation entre des objectifs anciens et sous-entendu précieux...

... et l’appareil photo jetable, symbole des années 90

Le parcours n’est pas chronologique, il n’est pas scientifique ni élitiste, mais offre aux visiteurs l’opportunité de voir la photographie. Les collections sont d’ailleurs régulièrement changées, pour répondre à des soucis de conservation mais également pour permettre au public d’appréhender l’étendue des fonds de l’institution.

Photos artistiques contre le traditionnel album photo: tout deux ont leur place au musée

Quelques pièces de la collection du musée

Moderne, le musée fait autant la part belle aux photographies artistiques qu’aux œuvres plus intimes, comme les albums de famille. L’invention de la photographie n’occupe pas tout le parcours, et se recentre autour de la Chambre de la Découverte, c’est-à-dire le premier appareil photographique au monde et la reproduction des premiers clichés, qui n’ont rien perdu de leur attrait. Et malgré les grands écarts stylistiques, le musée garde une ligne de conduite : surprendre le visiteur. Rien n’est en effet attendu dans le parcours.

La chambre de la découverte et le premier cliché de Niépce

Le nécessaire pour le développement photographique

L’image est passée, mais l’émotion est intacte

Un voyage artistique dans un lieu caméléon, à la croisée entre d’art, de sciences et techniques et de société.

Lot de photographie

Mon avis

Le musée peut sembler technique, mais il est en réalité très artistique. En jouant avec les contraste, le musée a réussi à capter et à retranscrire un monde vaste et en mouvement, pour la plus grande surprise des visiteurs.

Malgré cette modernité, et quelques installations ludiques, je déconseille tout de même ce musée aux enfants.

Bonus

Le musée a mis son fond de collections en ligne : http://www.open-museeniepce.com/accueil

https://fr.wikipedia.org/wiki/Musée_Nicéphore-Niépce

https://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_de_la_photographie

http://www.museeniepce.com

Gratuit pour tous