Les Médicis, maîtres de Florence : on zappe ou on mate ?
illustration article
  • Description
  • SAISON 1

    Après Victoria et The Crown, une troisième série a fait son apparition sur la scène mondiale à la fin de l’année 2016 : les Médicis, maîtres de Florence. La série a été testée en Italie, où elle a rassemblé en moyenne 7,6 millions de téléspectateurs, ce qui a permis de conforter les réalisateurs dans leur choix, et d’annoncer une seconde saison. Diffusée dans de nombreux pays : États-Unis, Royaume-Uni, Inde, Italie et la France sur une des chaînes de SFR, puis sur le canal 23 le 15 février, la série se veut historique. Elle est pourtant très loin de la réalité. Le récit fantaisiste, les références pleines d’anachronisme. En somme, une fiction faussement historique…

    Synopsis

    La série revient sur l’ascension d’une famille de bourgeois, les Médicis, qui en quelques générations, a réussi à s’imposer à la tête de Florence au XIVe siècle. La première saison s’articule autour des premiers membres de cette dynastie : Jean de Bicci, Cosme l’Ancien, Laurent de Médicis et Pierre le Gouteux.

    Qui sont les Médicis ?

    La famille a nourri beaucoup de fantasmes et a su entretenir son origine mythologique. Prétextant être les descendants de Charlemagne, les Médicis doivent vraisemblablement leur nom à un ancêtre médecin. Au XIIIe siècle, ce sont des commerçants toscans. Petit bourgeois, Jean de Bicci comprend le potentiel d’un nouveau métier, prêteur bancaire. Au début du XIIe siècle, des marchands de blé lombards se regroupent en guilde et élaborent le prêt avec intérêt. Une idée qui permet à ces premiers banquiers de s’enrichir rapidement et de conquérir l’Europe. En 1397, le patriarche fonde la première banque Médicis, qui comptera jusqu’à dix filiales bancaires : Venise, Rome, Naples, Milan, Pise, Genève, Lyon, Avignon, Bruges et Londres.

    Ambitieuse, la famille s’appuie sur son réseau et ses clients prestigieux (comme les Papes) pour conquérir le pouvoir politique. A la tête de Florence sans avoir pris les armes (la seule en Europe a avoir réussi cet exploit), les Médicis en profiteront pour positionner deux femmes sur le trône français, Catherine et Marie. La famille entame une politique de mécénat. Elle joue un rôle important dans la naissance et la diffusion de l’art de la Renaissance. Elle attire les artistes, multiplie les commandes privées et publiques, encourage la création et influence jusque dans le portrait, qui leur sert d’arme de communication (Florence. Portraits à la cour des Médicis).

    Les protagonistes de la 1ère saison

    Jean de Bicci

    Atelier d’Agnolo di Cosimo di Mariano, dit Bronzino — paradoxplace.com

    Le fondateur de la banque des Médicis en 1397 est également considéré comme le fondateur de la dynastie. Sa banque devient la plus importante d’Europe dès le XVe siècle, grâce entre autre à des prêts au pape Jean XXIII, ce qui lui permet de réinvestir dans deux ateliers de laine, l’industrie la plus prospère de Florence. De son union avec Piccarda de Bueri naîtront quatre enfants, dont seuls deux atteindront l’âge adulte : Cosme et Laurent. Il meurt à 69 ans, laissant à ses deux fils une fortune importante.

    Cosme de Médicis

    Jacopo Pontormo

    Né en 1389, Cosme reçoit une éducation classique. A 13 ans, il dirige l’un des ateliers de laine et contrôle les filiales de la banque des Médicis. Sceptique sur le prêt, il choisit de ne pas taxer les sommes mises en dépôt, ce qui lui attire les bonnes faveurs des papes et de nombreux clients.

    Dès 1429, à la mort de son père, il s’oppose à la famille des Albizzi qui tiennent la Seigneurie. Cette dernière l’accuse de détournement d’argent public, et le fait arrêter puis emprisonner au Palazzio Vecchio. Mais grâce à différents pots de vin, Cosme réussit à échapper à la peine de mort. Exilé pour dix ans, il quitte la ville avec toute sa famille pour Venise, d’où il prépare sa vengeance. A l’aide de ces nombreuses relations, qui exigent un remboursement immédiat des sommes empruntées, et au soutien d’Eugène IV, Cosme réussit à paralyser l’économie de Florence. Il planifie alors son retour dans sa ville, qui l’accueille sous les acclamations. Les nouvelles élections portent Cosme à la fonction de gonfalonier (qui gère entre autre la justice), la plus prestigieuse, et les Albizzi sont à leur tour exilés. Cosme utilisera régulièrement cette punition, ainsi que le redressement fiscal, pour punir ses adversaires par la suite. Amateur d’art, il est le premier des Médicis à devenir mécène. Il commande des œuvres à Fra Angelico pour le couvent San Marco, s’inspire de la philosophie et se fait conseiller par Donatello.

    Il aura deux enfants avec sa femme Contessina de Bardi, la fille aînée de l’associé de son père, Pierre le Goutteux et Jean de Médicis. Il aura également un enfant illégitime, Carlo, né de sa relation avec une esclave circassienne offerte lors de son séjour à Venise. Enfin, il soignera particulièrement l’éducation de son petit-fils, Laurent (le Magnifique), en qui il voit son successeur. Il mort en 1464, rongé par la goutte.

    Son frère, Laurent de Médicis (1395-1440) jouera un rôle secondaire. Très fidèle, il tentera de lever une armée contre Florence lors de la condamnation à l’exil de Cosme. Il le suit à Venise et se verra confier des missions au sein de la banque. Il meurt chez lui, à la Villa Carreggi.

    Pierre Ier de Médicis, surnommé Pierre le Goutteux ne jouera pas un très grand rôle historique. Né en 1416 et mort en 1469, il était atteint d’une arthrite déformante, qui pourrait avoir été génétique. Il fut marié à Lucrezia Tornabuoni, et est le père de Laurent le Magnifique.

    Agnolo di Cosimo di Mariano, dit Bronzino — National Gallery

    Son frère, Jean de Médicis, est initié depuis son plus jeune âge aux affaires. Il dirige dès 1438 la filiale basée à Ferrare. Amateur de musique, il intervient dans les projets de mécénat de son père. Botticelli le représente d’ailleurs, avec son frère dans son tableau, l’Adoration des Mages. Marié à Ginevra Alessandri, son fils légitime mourra à l’âge de 8 ans.

    Sandro Botticelli — The Yorck Project: 10.000 Meisterwerke der Malerei. DVD-ROM, 2002. ISBN 3936122202. Distributed by DIRECTMEDIA Publishing GmbH.L’adoration des mages, Sandro Botticelli, 1475

    La papauté sous les premiers Médicis

    Le « règne » des Médicis est marqué la succession de 12 papes officiels, mais surtout par le Grand Schisme, crise majeure de la Papauté. Pour faire simple, les Papes s’étaient établis à Avignon, retournant temporairement à Rome. En 1378, le pape Grégoire XI décide de retourner s’installer à Rome, créant des protestations à Avignon mais aussi à Pise, qui élisent toutes deux un nouveau Pape. 

    Grégoire XI décède en 1378, et des élections sont organisées. Remportées par Urbain VI, qui devient Pape à Rome, ce dernier se retrouvent face à des cardinaux,qui affirment avoir voté sous la pression pour obtenir un pape italien. Mécontents, ils se regroupent à Fondi et élisent un nouveau Pape, Clément VII, déclenchant le Grand Schisme d’Occident. Son successeur, Grégoire XII est déposé par le Concile de Pise, et finit par abdiquer en 1417. Le clergé choisit alors d’élire un nouveau Pape de Rome pour en terminer avec le schisme : Martin V.

    A quoi ressemble Florence sous les premiers Médicis?

    http://www.florencetouristguide.net/fr/portfolio/florence-au-moyen-age/

    A cette époque, l’Italie n’est pas un pays unifié, mais un ensemble de royaumes et de républiques. C’est notamment le cas de Florence, qui est dirigée par quelques individus regroupés en gouvernement oligarchique. Pour discuter et prendre des décisions pour la ville, les seigneurs ont besoin d’un lieu propre, un palais public, comme le Palazzio Vecchio, dont la construction débute en XIIIe siècle.

    Florence a énormément souffert de la Grande Peste, qui a sévit en 1348. Comme de nombreuses villes européennes, sa population a été ravagé, diminuant parfois de 50%. Après l’épidémie, la capitale toscane compte 50 000 habitants.

    Entre le XIIIe et le XIVe siècle, la ville est déjà dotée de nombreux édifices religieux et civils, encore présents aujourd’hui, comme le Ponte Vecchio, reconstruit en 1345 après avoir été détruit par le fleuve, la Cathédrale Santa Maria del Fiore, débutée en 1296 et achevée avec sa coupole en 1436 grâce à Brunelleschi. La Place de la Seigneurie, autour du Palazzo Vecchio était déjà fréquentée et la basilique Santa Croce n’avait pas encore sa fonction de Panthéon. Elle n’était qu’une simple petite église.

    Le Palais Pitti est débuté, quant à lui, en 1458, les Offices en 1581 et le corridor de Vasari (qui relie le Palazzo Vecchio au Palais Pitti) en 1565. Enfin, les florentins ne pouvaient pas profiter du coucher de soleil sur Florence depuis les jardins de Boboli, qui n’apparaissent qu’au XVIe siècle.

    Grâce au développement bancaire et à l’impulsion donnée par les Médicis, la ville profite d’un climat économique et artistique très favorable. Elle se développe vite et gagne très vite en notoriété.

    La série

    Ce qui fonctionne

    La série marque quelques points avec ses décors et ses costumes. On retrouve immédiatement le faste et l’esprit humaniste de cette Florence de la fin du Moyen Âge. Si dans l’ensemble la série est très romancée, quelques épisodes sont justes et très réalistes, comme la nomination du cardinal Badassarre Cossa comme le pape Jean XXIII (le Pape de Pise), la visite de Eugenio IV, l’œuf de Brunellechi, les conseils de Donatello ou la relation entre Cosme et Maddalena.

    On aime aussi le traitement de Cosme, plutôt cohérente avec les descriptions du personnage. A noter que le David de Donatello, qu’on voit dans le générique, est une commande que Cosme a véritablement passé à son retour d’exil, la finançant en partie avec de l’argent public, car il estimait que l’art était d’utilité générale.

    Patrick A. Rodgers — originally posted to Flickr as Florence - David by Donatello

    La série offre également des épisodes assez rythmés, qui mettent en lumière des points rarement abordés qui captivent le spectateur, comme la chute des Médicis. Le problème, c’est que ces bons épisodes sont très vites effacés par ceux relativement mauvais, aux histoires fantaisistes…

    Ce qui ne marche pas

    L’histoire, comme indiquée dans le générique, est une adaptation libre. Généralement, les séries historiques jouent avec les faits, la chronologie, pour permettre un bon enchainement et tenir le spectateur en haleine. Mais ici, l’histoire est trop réécrite, à tel point qu’on ne peut plus parler de série historique. Des faits ont été inventés pour satisfaire les téléspectateurs les moins avisés, alors que la saga Médicis avait déjà tous les ingrédients pour les captiver.

    Ainsi, Jean de Bicci est mort à 69 ans, un âge plus que honorable à cette époque, et Laurent de Médicis n’a pas non plus été assassiné.

    La famille n’est pas partie d’un simple moulin, et le fondateur de la dynastie a eu la chance de naître dans une famille de petits bourgeois.

    Côté anachronisme, certains des monuments visibles dans la série, comme le couloir Vasari, n’existe pas encore durant le règne des premiers Médicis, et les plats visibles durant le conclave de l’élection de Jean XXIII comportent des pommes de terre et des haricots, deux plantes originaires d’Amérique (découverte en 1495).

    Autre fait frappant, la coutume gréco-romaine qui consistait à mettre une pièce en or dans la bouche, et non pas sur les yeux, pour pouvoir payer le passeur du Styx, Charon, n’a plus court au Moyen-Âge. On peut aussi souligner qu’il n’était pas coutume de se marier dans l’Eglise, mais sur le seuil, et de terminer les festivités à son domicile après avoir traversé la ville.

    La Peste a malheureusement frappé également Sienne, mais par chance, la mère de Cosme n’a pas été touchée, même si on sait que certaines personnes ont bien survécu à la maladie. Enfin, c’est toute la petite famille qui part s’installer à Venise, en laissant les partisans s’occuper de leur retour. Et on en passe…

    La musique du générique ne fonctionne pas non plus… et malgré sa modernité et sa bonne idée de départ : des bustes et des symboles de Florence, les tons rouge et noirs évoquent immédiatement le sang et le deuil, dont les scénaristes se sont servis pour extrapoler les faits historiques.

    Alors que la série avait une bonne base pour devenir un bon programme, peut-être un peu moins rythmé, mais plus juste, les producteurs ont choisi de s’orienter vers une fiction à l’américaine, en réécrivant allégrement l’histoire, en intégrant des intrigues fausses pour fidéliser un spectateur peu averti, et en traitant la série en superficie. Car rien n’est creusé, tout est servi au premier degré. Et venant d’une série à moitié produite en Italie, la faute ne pardonne pas…

    On zappe !


    SAISON 2

    Le 26 octobre 2018, la Rai diffusait la seconde saison de la série Médicis : maîtres de Florence. Se déroulant en plein XVe siècle, aux prémices de la Renaissance (période bien documentée), la série avait le potentiel pour plaire au plus grand nombre. Mais les producteurs ont à nouveau choisi de jouer la carte de la réécriture historique. Heureusement, cette seconde saison est plus juste que la première et mérite d’être qualifiée de série historique.

    Synopsis

    20 ans après la fin de la première saison, un nouveau Médicis a pris la tête de la famille et de la ville de Florence : Laurent dit le Magnifique.

    Florence au XVe siècle

    Les Médicis, maîtres de Florence saison 2, critique, série, blog cultureL’Italie au XVe siècle: en bleu et en jaune, les territoires papaux, en orange le royaume des Deux-Siciles. Source: http://porcianipirandello.blogspot.com/2011/10/car...

    L’Italie, comme au siècle précédent, est morcelée entre plusieurs états : les territoires du Pape, les royaumes, dont celui des Deux-Siciles, réunifiés (un temps) en 1442 et qui englobe tout le sud de la péninsule ainsi que la Sicile et qui est aux mains de la famille d’Aragon, des marquisats, dont celui de Ferrare ou de Mantoue, et au nord des petites républiques, dont celle de Milan, Venise ou Florence. Enfin, tout au nord, le duché d’Asti appartient à la couronne française depuis 1389.

    La ville de Florence compte à l’époque 100 000 habitants, approximativement comme Venise et Milan.

    Eclatée, l’Italie alterne période de guerre et période de paix en fonction des alliances et des envies d’expansion de chacun. Artistiquement, ce que l’on nomme le Quattrocento est extrêmement riche. C’est à cette époque que la Renaissance commence à se dessiner. Des peintres comme Fra Angelico, Paolo Uccello, Sandro Botticelli ou Léonard de Vinci profitent de cette ambiance créative. Soutenus par des mécènes, dont les Médicis et notamment Laurent (le Magnifique), les artistes acquièrent une notoriété à l’échelle locale et internationale et font parfois l’objet de prêt à une autre cour, comme ce sera le cas pour Léonard de Vinci.

    Personnages principaux

    Les Médicis, maîtres de Florence saison 2, critique, série, blog culturePortrait de Laurent de Médicis par Bronzino, 1555-1556

    Laurent de Médicis, dit le Magnifique (1449-1492)

    Fils de Pierre Ier, dit le Goutteux, décrit comme le Prince de la Renaissance suite à ses soutiens financiers aux artistes du Quattrocento, Laurent est dirigeant de la Seigneurie de Florence, qui devient République en 1496.

    A la tête de la banque familiale, il saura prendre un changement de cap lorsque l’entreprise connaitra des difficultés financières en se tournant vers l’exploitation de l’étain.

    Marié en 1469 à Clarisse Orsini, issue d’une des plus prestigieuses familles romaines, Laurent tentera de nouer et de maintenir des alliances de paix tout au long de sa vie. Il est rentré à plusieurs reprises en conflit avec le Pape Sixte IV et survivra de peu à un attentat en 1478.

    Julien de Médicis (1453 – 1478)

    Les Médicis, maîtres de Florence saison 2, critique, série, blog cultureLa Naissance de Vénus, Botticelli, 1484: Julien est représenté sous les traits de Zéphyr

    Second fils de Pierre, frère de Laurent, Julien évolue dans l’ombre de son frère. Diplomate, il s’éprend de Simonetta Vespucci, muse de Botticelli (et qui posa régulièrement pour lui). Julien meurt dans un attentat le 26 avril 1478, deux ans jour pour jour après le décès de sa maîtresse, qui succomba à la tuberculose (ou la peste) à l’âge de 23 ans.

    En souvenir des deux amants, Botticelli se lancera dans la réalisation de La Naissance de Vénus, qu’il achèvera en 1485.

    Sandro Botticelli (1445-1510)

    Les Médicis, maîtres de Florence saison 2, critique, série, blog cultureMars et Vénus, Botticelli. Julien et Simonetta incarnent les deux dieux

    Sans doute l’un des peintres majeurs du Quattrocento, le destin de Sandro Botticelli est profondément lié à celui de Florence et des Médicis. Artiste virtuose, il peint tant des portraits que des scènes mythologiques. Appelé à Rome en 1481 pour réaliser des fresques pour la Chapelle Sixtine, il reviendra rapidement à Florence pour ne plus jamais quitter la Cité. Très proche des Médicis, il réalisera plusieurs œuvres avec des personnages aux traits des deux frères, et plus particulièrement Julien.

    Les Sforza

    Famille à la tête de la République de Milan, les Sforza sont des alliés des Médicis. Lorsque Francesco meurt en 1466, c’est son fils Galéas qui prend sa place. Il sera assassiné en 1476, sans doute par des proches des Pazzi, pour déstabiliser la famille Médicis.

    Les Pazzi

    Les Médicis, maîtres de Florence saison 2, critique, série, blog cultureMédaille illustrant la Conjuration des Pazzi, Bertholdo di Giovanni, 1478. Source: I, Sailko pour Wikipedia

    Issu d’une très ancienne famille florentine, dont l’un des ancêtres, Pazzino de Pazzi, a été le premier chevalier a entré dans Jérusalem en 1099. Bien que l’un des fils de Francesco Pazzi, Guglielmo, soit marié à la sœur de Laurent et Julien, Bianca, les rivalités sont toujours présentes au sein des deux familles.

    En 1478, un complot est élaboré pour éliminer les Médicis et permettre aux Pazzi de prendre la tête de Florence. Avec l’appui du Pape, Sixte IV, la famille Pazzi planifie l’attentat le 25 avril 1478, lors d’un banquet. Mais Julien, blessé à la chasse, ne se rend pas au dîner. Les comploteurs décident donc de remettre l’attentat au lendemain, jour de la Pâque. Alors que le prête lève l’hostie devant une assemblée agenouillée, Francesco de Pazzi et ses complices attaquent Julien et Laurent. Le premier succombera à 19 coups de couteau, le second, blessé à la gorge est transporté par ses gardes dans la sacristie, avant de réussir à s’enfouir escorté par ses hommes de confiance, dont un y laissera la vie.

    Les conspirateurs se regroupent alors sur la place de la Seigneurie, pensant célébrer leur victoire avec le peuple florentin. Mais le « Libertà » entonné ne rencontre pas le succès populaire attendu, et les florentins se rouent sur les traitres. Jacob de Pazzi réussit à s’échapper et rejoint les troupes papales installées à l’extérieur de la ville. Le complot a échoué et les renforts armés refusent d’intervenir.

    Tous les complices sont arrêtés et condamnés, à l’exil, à la damnation ou à la mort en place publique. Une guerre éclatera à la suite de cet assassinat manqué.

    Sixte IV (Pape de 1471 à 1484)

    Les Médicis, maîtres de Florence saison 2, critique, série, blog culturePortrait de Sixte IV par le Titien

    Ennemi des Médicis, le Pape Sixte IV marquera son époque. Favorable à l’art de la Renaissance, il réalise de nombreuses commandes à des artistes tels que Botticelli ou Michel-Ange. Il fait édifier la Chapelle Sixtine (à laquelle il donne son nom) et fonde les musées du Capitole.

    Il a l’idée de taxer les prostituées et les prêtres vivant en couple, instaure le commerce des indulgences, permettant ainsi de racheter ses pêchés et de réduire son passage au purgatoire. Il autorise la sodomie durant les mois d’été, et donne son approbation à l’Espagne qui souhaite établir l’Inquisition.

    Il envisage plusieurs guerres, incite les familles rivales à s’affronter avant d’encourager leur alliance en 1480, suite au sac d’Otrante par les troupes de l’Empire Ottoman.

    La série


    Ce qui fonctionne

    La base historique est bien présente pour cette saison. La série est convaincante, bien menée et très attractive. Les personnages sont beaux, les costumes somptueux et mêmes si les vues de la ville laissent parfois à désirer, l’ensemble reste appréciable.

    Ce qui ne marche pas

    Dès les dix premières minutes, la série offre aux spectateurs une scène d’attaque et une scène de sexe. Le décor est planté, avec un objectif : offrir au public du spectacle.

    L’Histoire est une nouvelle fois arrangée. L’engouement pour l’art de Laurent est absent, et en dehors de la présence récurrente de Botticelli, de nombreux artistes manquent, comme Léonard de Vinci ou Michel-Ange. La référence à certains tableaux est présente, mais elle arrive un peu comme un cheveu sur la soupe.

    On notera également que le mariage est religieux, et non civil, et ne peut donc pas avoir lieu au Palazzo Vecchio à cette époque.

    On regrettera également la réécriture de l’attentat des Pazzi. Alors que les faits sont déjà très rocambolesques, pourquoi choisir de dramatiser encore plus les évènements, au risque de perdre toute crédibilité?

    Enfin, les péripéties de nos protagonistes s’enchaînent un peu (trop) rapidement, et on peine à voir les 10 ans qui s’écoulent entre la mort de Pierre le Goutteux et l’assassinat de Julien de Médicis.

    L’époque est très riche, et il y avait matière à dire sans en rajouter autant.

    On mate, mais juste d’un oeil.


    SAISON 3

    En décembre 2019, la toute dernière saison de la série « historique », les Médicis, a été diffusée sur la Rai. Cette 3ème saison n’était pas censée être la dernière, mais en cours de réalisation, la production a revu ses projets, et a choisi de conclure à la hâte la série. Il se murmure que ce serait pour se concentrer sur un programme dédié à Léonard de Vinci. Toujours est-il que cette ultime saison est celle de la débâcle.

    Les personnages

    La saison 3 s’inscrivant dans la continuité de la seconde saison, les personnages restent identiques, à l’exception de l’arrivée du moine dominicain Savonarole.

    Jérôme Savonarole est né en 1452 à Ferrare, ville dirigée par la famille ducale d’Este. Jeune, il présente déjà des penchants moralisateurs, et s’oppose aux idéologies humanistes de son époque. En 1475, il s’enfuit de la ville et rentre au couvent dominicain de Bologne. En 1482, l’ordre l’envoie prêcher à Florence. Il y commence une carrière de prédicateur, qui harangue les foules pour dénoncer les réformes cléricales. Favorable à un retour aux messages premiers des Evangiles, il séduit rapidement les populations. Conforté dans ses convictions par le soutien des florentins, Savonarole s’en prend au Pape et à Rome, qu’il accuse d’être des incarnations de l’antéchrist. Il condamne la famille Médicis, qui s’accrocherait au pouvoir au lieu de laisser le peuple constituer son propre gouvernement. Le Magnifique le laisse agir, préférant le savoir sous son contrôle à Florence. D’ailleurs, sur son lit de mort, Laurent de Médicis le fait appeler pour confesser ses pêchés et recevoir les derniers sacrements.

    A partir de 1494, le moine bascule dans l’austérité. Lors de bûchers des vanités, il fait brûler des œuvres d’art, des livres mais aussi des miroirs et des cosmétiques. Il instaure une milice qui parcoure les rues de la ville pour convaincre les florentins de suivre les préceptes du moine. Les tavernes sont fermées, la vie quotidienne ne tourne plus qu’autour de la repentance. En 1497, lors du prêche de l’Ascension, une émeute éclate et se transforme en révolte. Les Florentins appellent le Pape Alexandre VI à l’aide. Il excommunie Savonarole, puis l’accuse d’hérésie, et le fait pendre en 1498. Son corps est ensuite brûlé et ses cendres sont jetés dans l’Arno.

    Les Médicis, maîtres de Florence saison 2, critique, série, blog culture

    Pierre II de Médicis, dit l’infortuné et l’oublié de la série

    Fils de Laurent, il prend sa place à son décès en 1492. Deux ans plus tard, il doit faire face à l’invasion du roi de France Charles VIII. Il négocie alors, accordant au roi tout ce qu’il désire. Le roi le chasse, brûle le palais et accorde la gestion de la ville à Savonarole. Pierre trouve refuge à Venise. Décrit comme faible de caractère, il passera le reste de sa vie à changer de camps pour tenter de revenir à Florence, sans succès. Il meurt en 1503. Son frère Jean deviendra Pape sous le nom de Léon X. Son petit-fils Alexandre sera le dernier à régner sur Florence. La renommée de la famille se perpétuera loin des terres de Toscane, à travers sa petite-fille Catherine de Médicis, mère de 3 rois de France.

    La série

    Ce qui fonctionne

    Cette ultime saison reste marquée par un rythme soutenu, qui laisse peu de place à l’ennui. Le jeu des acteurs reste bon, les costumes et les évènements décrits sont globalement justes. Le traitement est intéressant et l’esprit de la série, instauré au cours des deux précédentes saisons, se retrouve dans son intégralité. La base historique est également présente, mais comme pour les saisons précédentes, de trop nombreuses libertés ont été prises.

    Ce qui ne fonctionne pas

    Cette dernière saison est du début à la fin bâclée. Les années défilent comme des jours, on passe d’un évènement à l’autre, des attaques et des conspirations sont imaginées. Bref, rien ne va. Les personnages ne prennent pas une ride. Botticelli et Michel-Ange reviennent régulièrement dans les épisodes, sans qu’ils n’aient de véritables fonctions. Ils ne servent même pas à faire avancer l’intrigue, juste à meubler. Le moine Savonarole est presque lisse, alors que la série Borgia avait réussi à saisir la complexité du personnage.

    La série se conclue sur la mort de Laurent le Magnifique, et si elle s’arrête sans doute au meilleur moment, elle aurait pu offrir une petite ouverture sur le futur de la famille, qui semble s’arrêter net. La pilule est un peu difficile à avaler quand on a suivi pendant 3 saisons et presque un siècle la vie d’une aussi grande famille. Du spectacle à l’américaine, juste du sensationnel, une histoire sans passé et sans futur.

    On espère juste que les producteurs qui ont pour projet de créer une série sur Léonard de Vinci soit un peu ingénieux voire intelligent pour retranscrire la complexité de ce grand artiste (vous aussi vous voyez le drame se profiler ?).

    Bref, une série qui on l’espère ne restera pas dans l’Histoire. On zappe définitivement, de la première à la dernière saison.



    https://it.wikipedia.org/wiki/I_Medici_(serie_televisiva)

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Maison_de_Médicis

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_de_Médicis_(136...)

    https://www.herodote.net/Les_Medicis-synthese-575....

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_de_la_banqu...

    https://it.wikipedia.org/wiki/Giovanni_di_Bicci_de...

    https://it.wikipedia.org/wiki/Lorenzo_il_Vecchio

    https://it.wikipedia.org/wiki/Cosimo_de%27_Medici

    https://it.wikipedia.org/wiki/Piero_il_Gottoso

    https://it.wikipedia.org/wiki/Giovanni_di_Cosimo_d...

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Grand_schisme_d’Occident

    https://www.tvserial.it/i-medici-4-stagione-si-fa-...

proche de ce lieu Proche de ce lieu