​Peut-on oublier sa culture ?
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  • En ces temps si singuliers, nous nous sommes interrogés. Certes, même si le confinement dure un mois, nous n’aurons pas le temps d’oublier notre vie d’avant. Mais si ce cloisonnement durait plusieurs années, que resterait-il de notre société ? Nous souviendrions-nous de son histoire, de ses mythes fondateurs et de l’héritage du passé ? 

    Qu’est ce que « une culture »?

    Rien que le fait de se lever le matin, d’avaler une tasse de café au petit-déjeuner, de revêtir un jeans et de saluer son voisin en sortant de chez soi relève déjà de la culture. Ces habitudes sont propres à une société, ou tout du moins à un groupe social. 

    En plus de ses habitudes, nous avons également acquis tout ce qui est propre à la Nation et de ses principes fondateurs : la démocratie, la citoyenneté, l’égalité, et de ses attributs comme le drapeau ou la Marseillaise.

    A cette seconde culture, nous pouvons ajouter la connaissance officielle, la plus valorisée et celle qu’on enseigne à l’école : l’Histoire, l’Art, la musique… et qui a donné naissance à la culture générale.

    Créer et inventer est le propre de l’homme. Depuis la Préhistoire, l’Humanité ne cesse de dessiner, de composer, d’écrire, de chorégraphier, d’interpréter. Ainsi, tous les jours, nous produisons de nouveaux biens culturels.

    Enfin, il y a une dernière culture : celle que l’on hérite. Elle peut être liée à une religion, à une nationalité ou à une origine.

    L’homme est en réalité régit par « sa culture ».

    Pour Nietzsche, le propre de l’homme, c’est de ne pas oublier. Il paraît donc peut probable qu’après des mois de confinement, loin des siens et loin des principes de notre société, nous oublions qui nous sommes et d’où nous venons. L’histoire nous donne raison, puisqu’après chaque épreuve, la vie a repris son cours tout naturellement.


    Notre société est-elle mortelle?

    Pourtant, il y a des civilisations qui meurent. Les Mésopotamiens, les Egyptiens ou encore les Mayas ont disparu et avec eux, leurs cultures. Et même si des textes et des vestiges archéologiques nous ont permis de ne pas totalement les oublier, il ne reste plus aucun de leur descendants directs. 

    Directs, car ils ne sont pas restés sans héritier : l’organisation de l’Administration instaurée par les Mésopotamiens vit encore de beaux jours dans notre société, les connaissances astrologiques des Egyptiens sont encore très utiles aux scientifiques et les temples mayas ne sont pas étrangers aux styles architecturaux des constructions coloniales.

    Une culture ne disparaît pas totalement, elle se réinvente, comme aimerait le souligner Lavoisier.

    Notre société actuelle a également choisi de tout inventorier et de tout sauvegarder. 

    A cette sauvegarde colossale des savoirs, un travail de mémoire est constamment entrepris et toutes les générations connaissent les grandes étapes qui ont forgé notre société.

    Alors, est ce que nous allons retrouver intact notre quotidien à la sortie du confinement ?

    L’homme peut-il choisir sa culture ?

    En théorie, lorsque retentira l’annonce salvatrice qui offrira à chacun le retour à la vie d’avant, nous devrions retrouver instantanément nos habitudes.

    Oui, mais cette épidémie risque de marquer les esprits et d’offrir un changement significatif dans notre société. 

    Dans l’Histoire, ponctuée de « crises », les exemples de changement sociétaux ne manquent pas : antisémitisme après la Grande Peste, instauration d’un nouveau modèle politique après la Révolution, amorçage des droits des femmes après la Première Guerre Mondiale… "Les épreuves nous font grandir" comme l’explique Indira Gandhi, bousculent nos certitudes, et permettent de redistribuer les cartes avec de nouvelles priorités.

    Et si cette pause permettait une prise de conscience écologique? Est-ce que les vidéos des dauphins nageant dans le port de Cagliari, les eaux transparentes des canaux de Venise et la baisse drastique de la pollution et du bruit n’auront pas raison de notre système actuel ?  Est-ce que le plaisir de pouvoir sortir et marcher n’enverra pas au garage nos voitures ? Est-ce que celui d’échanger avec les autres ne généralisera pas l’utilisation des transports en commun et l’entraide? Est-ce que la fierté de partager nos jungles urbaines avec la faune ne nous donnera pas envie de vivre en harmonie avec la nature.

    Seul l’avenir nous le dira, mais une chose est sûre, nos habitudes resteront marquées par cette crise.

    PS : pour comprendre l’effet « électrochoc » sur nos choix de vie, nous vous conseillons la série Unorthodox actuellement disponible sur Netflix. 


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