​Pourquoi les ruines nous fascinent-elles ?
illustration article
  • Description
  • Eglises, châteaux ou même jardins, l’attrait que nous avons pour le patrimoine bâti dépend de notre sensibilité, de nos centres d’intérêt et de notre idée de l’esthétisme. Pourtant, même si nous avons tous des attentes bien distinctes, il nous est difficile de ne pas s’accorder sur un phénomène universel: l’attirance pour les ruines. Objet de fascination depuis la nuit des temps, elles ont joué un rôle évident dans la naissance d’une science désormais millénaire : l’archéologie. 

    D’où viennent les ruines ?

    Les ruines sont les vestiges d’une ancienne construction humaine, d’un bâtiment qui n’a pas survécu aux affres du temps et qui s’est lentement disloquée. Sa destruction peut aussi être l’œuvre de l’homme, qui détruit pour certaines raisons.

    Lorsque l’on parle de ruines, nous pensons immédiatement aux civilisations disparues, à l’image des Egyptiens ou des Romains. 

    Pourquoi les ruines nous fascinent-elles ?, vestiges archéologie, urbex, culture, blog culturePiazza Argentina, Rome,photo de Jastrow pour Wikipedia

    Mais le terme ruine s’applique également aux édifices plus récents, désertés par l’Homme et où la nature reprend lentement ses droits.

    Depuis quand l’Homme est-il fasciné par les ruines ?

    L’intérêt pour les ruines apparaît à la Renaissance. Les Humanistes, dont Pétrarque, y voient une mise en garde, un avertissement de l’Histoire. Ces vestiges sont des témoignages d’un passé glorieux, désormais révolu, qui rappelle que tout est éphémère. Le phénomène glisse de la littérature à la peinture, et de nombreux artistes, à l’image de Hubert Robert, saisissent ces bâtiments détruits. Certains iront même jusqu’à s’imaginer un monde apocalyptique où la ville disparaît.

    Les Romantiques placent ces destructions au cœur de leur réflexions, en en faisant le symbole de la fragilité de la vie, le vestige éphémère de l’Humanité face à la force de la nature, un appel à l’humilité. En 1802, Chateaubriand alerte dans son ouvrage, le Génie du Christianisme, sur cet attrait paradoxal qu’exerce la dégradation des bâtiments sur ses contemporains. Les ruines sont-elles l’ouvrage du temps ou des victimes du temps ?

    Les visiteurs afflueront pour découvrir ces trésors évanouis de l’antique Rome ou des sites de la mythique perse.

    Aujourd’hui, l’attrait est toujours omniprésent dans notre quotidien, et la représentation des ruines ne se limite plus aux œuvres littéraires ou picturales, mais à gagner la sphère photographique et virtuelle.

    A-t’on lutté contre les ruines ?

    Cette fascination pour ce phénomène, révélateur de la fragilité de notre existence, certains ont cherché à la contrer en reconstruisant les édifices. Les exemples les plus récents de ces choix sont sans contestation Notre-Dame, dont la toiture sera reconstruite à l’identique, ou Palmyre, détruite par Daesh, et que la communauté internationale souhaite rebâtir. 

    Dans le passé, l’Homme, qui ne peut se résoudre à disparaître, a cherché à reconstruire des sites à partir de ses propres déductions, pour réimposer sa suprématie. Ainsi, à Stonehenge, les pierres ont été redressées et redisposées en cercles pour rendre au lieu un aspect qu’on jugeait initial. Aujourd’hui, ces restaurations sont plus encadrées par la réglementation internationale. La science qu’on appelle l’anastylose permet une reconstruction à partir d’hypothèses issues de l’étude méthodique des éléments de son architecture. Réfléchie, cette reconstruction doit aussi avoir un caractère réversible, pour pouvoir corriger ce qui n’est que des hypothèses.

    Pourquoi les ruines nous fascinent-elles ?, vestiges archéologie, urbex, culture, blog cultureRuines de l’ancienne abbaye de Flavigny-sur-Ozerain (21)

    A quel symbole renvoie aujourd’hui la définition de ruines ?

    Vestiges archéologiques ou bâtiments à l’abandon, pour Diane Scott, les ruines sont révélatrice d’un paradoxe, celui d’une l’hyperprotection d’un certain patrimoine, et l’abandon d’un autre. Cette image de l’effondrement, qui se fait parfois dans la laideur et dans la violence, est le symbole d’une culture saturée, qui pense devoir tout protéger. Cet attrait révèle la vision que l’on se fait de l’Histoire, et l’idée que l’on oublie quelque chose de l’Histoire.


    https://ehne.fr/article/humanisme-europeen/heritag...

proche de ce lieu Proche de ce lieu