Dédicacée en 2002, puis inaugurée en 2013, la maison natale de Victor Hugo aurait pu n’être qu’un des nombreux lieux de résidence de l’auteur mis en avant pour attirer les touristes. Mais la réflexion faite sur l’intérêt de cette nième demeure de l’écrivain a donné naissance à une approche singulière, qui apporte un vrai plus aux réseaux des maisons de Victor Hugo.

Ce qu’il faut savoir

Le 26 février 1802 à 22h30, au 140 Grande Rue à Besançon naît l’une des figures les plus importantes de son temps : Victor Hugo. Ecrivain, politicien, penseur, humaniste, le père des Misérables ne passera que très peu de temps dans celle qu’il aime décrire comme une « vieille ville espagnole ». Victor Hugo poursuivra sa vie ailleurs, et ne reviendra jamais dans sa maison natale.

En 1896, le place devant la maison est renommée Place Victor Hugo, en l’honneur de l’enfant du pays décédé 11 ans plus tôt. La maison ne sera acquise qu’en 1932 par la Municipalité. Il faudra attendre 2012 pour que la ville se lance dans la restauration et installe un musée dans le lieu devenu historique. Inaugurée en 2013, la maison natale de Victor Hugo a deux « concurrentes » : à Paris et à Guernesey, où il a vécu plus longtemps et dont les lieux sont imprégnés de son passage. Alors comme se démarquer des autres institutions tout en apportant une plus-value à leur discours ?

Se rendre au musée

Le musée se trouve en plein cœur du centre historique de Besançon, entre le Musée des Beaux-Arts et la Citadelle. Il faut compter une petite vingtaine de minutes à pied depuis celui-ci et l’arrêt de tram Révolution. Il est également possible de prendre le bus, mais nous vous déconseillons de vous y aventurer en voiture.

La Maison est également située près du Musée du Temps, que nous avions découvert en 2017.

La visite

Sans doute vous surprendrez-vous avant de débuter la visite de ressentir le besoin de vous arrêter quelques instants devant la bâtisse. La charge émotionnelle est grande, tant nous avons le sentiment de contempler l’Histoire, d’être face à un lieu saint. La façade classique ornée laisse imaginer un intérieur bourgeois. La plaque commémorative passerait presque inaperçue si elle n’était pas si singulière.

L’intérieur de l’habitation reprend les codes classiques : un grand hall d’accueil, très lumineux aux décors très épurés. Jusqu’à présent, impossible d’imaginer ce que nous réserve la visite. 

L’escalier de pierre qui descend dans la salle de conférence

Un premier escalier descend dans la salle de conférence. Nous y prenons l’ascenseur, pour accéder aux collections permanentes situées au premier étage. La montée est cocasse, mais laisse entrevoir une cour extérieure sans réel intérêt.

L’espace scénographique au premier étage

La porte délimitant l’espace lié à la liberté artistique

Le suspense a été ménagé jusqu’à notre entrée dans le parcours. Et la surprise est de taille : pas de vieux meubles, de gravures et de reconstitutions datées. Le lieu de mémoire a misé sur la modernité, sans doute le plus beau des clins d’œil pour un auteur comme Victor Hugo. 

Victor Hugo se battra toute sa vie contre la peine de mort et la misère: "Comment enseignez-vous qu’il ne faut pas tuer? En tuant". "Je veux la misère supprimée".

Des tablettes tactiles (au premier plan à gauche), le buste de Napoléon III renversé et des illustrations contemporaines: l’image complète les écrits

La ville de Besançon a parié sur un lieu dédié à l’écriture. Des citations sur des portails, des chiffres, quelques illustrations, racontent les combats de l’Humaniste : la liberté d’expression, la dignité humaine, les droits des enfants et les libertés des peuples. Des sujets dont l’écho est encore terriblement actuel deux siècles plus tard. Le visiteur passe de sujets en sujets, dans le sens qu’il souhaite. Il peut s’attarder, revenir. Le temps semble être figé et seule la chambre de Victor Hugo, laissée dans son bain, traduit l’appartenance à un autre temps.

" Que le pouvoir se souvienne que la liberté de la presse est l’arme de cette civilisation que nous défendrons ensemble. La liberté de la presse était avant vous, elle sera après vous". Citation accompagnée d’un dessin de Plantu, où un stylo trône au milieu d’armes.

La chambre de Victor Hugo et sa scénographie classique

La visite s’achève en (r)empruntant l’escalier que nous n’avions pas vu en montant : des dates, des références à des ouvrages marquants. Là aussi l’approche est judicieuse et moderne.

L’escalier principal, qui mène du 1er étage à l’accueil

C’est un sans-faute pour cette Maison des Illustres, qui n’a rien à envier à ces deux « concurrentes ».

Mon avis

Vous l’aurez compris, la visite fut une excellente surprise. La ville a su jouer la carte de l’originalité, et proposer une vraie découverte et un parcours marquant tant visuellement qu’intellectuellement. Je formule juste une petite réserve pour les visites des plus jeunes, mais c’est définitivement le lieu à voir si vous passez par Besançon.

https://maisonvictorhugo.besancon.fr/

Gratuit jusqu'au 31 août 2021

Tarif plein: 2.5€

Tarif réduit: 1.5€

Conditions gratuité et tarif réduit ici