Lorsque l’on parle de Rodin, la première chose qui nous vient à l’esprit, c’est le Penseur. Cette sculpture grossière mais extrêmement expressive, au point qu’elle réveille en nous des sentiments d’angoisse, d’interrogation et de compassion. Auguste Rodin, c’est un artiste prolifique, dont le style sera reconnu de son vivant, et qui ouvrira la porte à la sculpture moderne.

Pour comprendre et transmettre au public son art, deux musées étaient nécessaires. Le premier se situe dans l’hôtel Biron, à Paris et le second dans la Villa des Brillants, à Meudon. Regroupé en un seul établissement, le musée conserve près de 6 600 sculptures, 8 000 photographies et 7 000 objets d’arts. Un patrimoine exceptionnel, qui explique en partie pourquoi l’hôtel Biron a fermé pour subir une rénovation de trois ans et demi. Réouvert depuis novembre 2015, on a préféré attendre le retour du printemps pour profiter des lieux, on a impatiemment attendu les beaux jours pour vous proposer un compte rendu. Découverte de l’Hôtel Biron (et pas de la villa des Brillants) en une journée d’avril.

Qui est Rodin ?

Rodin, on l’a évoqué, est un artiste majeur du XIXe siècle. Né en 1840, il est plus passionné par le gribouillage sur ses cahiers que par l’école. Il entre à la Petite Ecole (actuellement les Arts Déco(ratifs)) à 14 ans. Il y découvre le travail de la glaise et se concentre sur la sculpture. Mais, comme il rate trois fois l’épreuve d’entrée à l’Ecole des Beaux-Arts, il se résout à devenir artisan-praticien. Il reste cependant proche des sculpteurs et il voyage en Italie, où il étudie les antiques.

A 37 ans, il réalise sa première grande œuvre, l’Âge d’airain, dont le succès est immédiat. Sa carrière est lancée, sa réputation est faite et les commandes affluent. Son style est à la fois emprunt de nouveauté mais aussi hérité de la tradition gréco-romaine et maniériste. Rodin façonne des personnages expressifs, il utilise les compas pour respecter les proportions, mais déforme certaines extrémités pour les accentuer.

La jumelle vous permet d’admirer les détails de la Porte de l’Enfer

Auguste Rodin devient un artiste mondain, qui s’entoure des intellectuels de son époque, et à qui il sculpte le portrait, comme Victor Hugo.

Il est aussi connu pour sa relation amoureuse et artistique avec son élève, Camille Claudel, qu’il soutiendra même après son internement. Auguste Rodin meurt en 1917. Selon sa volonté, l’hôtel Biron est transformé en musée et ouvre au public en 1919.

Venir au musée

Le musée est situé près des Invalides, en plein cœur de Paris. Inutile de vous dire de ne pas vous aventurer en voiture, mais l’établissement est desservi par le RER C, arrêt Invalides ou par le métro 13 et 8, arrêt Varenne ou Invalides. Vous pouvez aussi opter pour le bus et le Vélolib.

Les jardins faisant partie du musée, l’entrée est payante. Enfin, on vous conseille de privilégier la visite un jour ensoleillé et de prévoir des chaussures plates.

Hugolin et ses enfants, grand modèle, bronze, 1902-1909

Le bâtiment

Construit en 1730, l’hôtel Biron a connu plusieurs occupants, dont la Société du Sacré-Cœur de Jésus, qui quitte les lieux en 1905 en laissant le bâtiment dans un état préoccupant. L’Etat autorise alors des artistes à occuper les lieux. L’hôtel devient un véritable squat, où se croisent Cocteau, Matisse ou Isadora Ducan (une danseuse). Rodin découvre l’endroit en 1908 et loue 4 pièces au rez-de-chaussée.

En 1911, l’État français achète le bâtiment et Rodin, désormais le seul occupant, lui cède alors ses collections à la condition qu’un musée soit créé au sein de l’hôtel. Il ouvre au public en 1919.

En 2012, le musée ferme pour rénovation. Les travaux dureront 3 ans et demi, pour un montant de 16 millions d’euros, financés à 49 % par le ministère de la Culture et 51 % par le musée lui-même. Ils se concentrent sur les normes d’accessibilité et de sécurité des lieux, sur la rénovation des parquets et des huisseries et sur le parcours muséographique. Ainsi, le musée a rouvert ses portes en novembre 2015.

Le musée et les services

Comme l’explique un panneau à l’entrée de l’établissement, le musée Rodin est le seul musée national à s’autofinancer pour la totalité de son activité et de ses salaires depuis sa création. Ceci est possible grâce aux recettes engrangées par la vente des bronzes, une idée soumise par Rodin avant même l’ouverture de l’établissement en 1919. Le musée multiplie également les partenariats avec les musées dédiés à l’œuvre de Rodin à l’étranger (en Corée, au Brésil et aux Etats-Unis).

Les chiffres de l'auto-financement

Le musée est fermé le lundi. Il est composé de 18 salles sur 2 niveaux et d’un grand parc.

C’est par là que nous avons commencé notre visite. Le parc, qui s’étend sur 3ha, présente plusieurs groupes de sculptures, dont les Bourgeois de Calais et la Porte de l’Enfer.

Réaménagé en 1993, le jardin est divisé en quatre partie, dont deux appartiennent au parcours thématique : une roseraie au nord, un parterre et des sous-bois au sud, le Jardin d’Orphée à l’est « où la végétation et la rocaille s’entremêlent comme prélude à la découverte de l’œuvre Orphée implorant les dieux » et à l’ouest un Jardin des Sources, « dont les sentiers sinueux, jalonnés de points d’eau, forment autant d’entités autonomes et singulières». Au fond du parc trône un bassin et une cafeteria a été aménagée sur le côté ouest. A noter que le jardin est accessible aux personnes en fauteuil jusqu’à celle-ci. Au delà, ce n’est impossible de poursuivre la visite si le sol n’est pas trop mouillé. L’hôtel Biron est lui complètement accessible aux personnes à mobilité réduite.

Pour parcourir le lieu, vous pouvez utiliser un audioguide (6€) qui couvre également le jardin, et si vous avez des enfants, sachez qu’il existe une tablette spécialement pour eux, qui propose un parcours-jeu (à partir de 6 ans, 6€). L’histoire met en scène Dante, qui doit traverser la Porte des Enfers pour retrouver Béatrice. On a croisé un enfant qui l’utilisait (environ 7/8 ans), et il était littéralement captivé par la tablette. D’ailleurs, il ne nous a pas laissé jeter un coup d’œil… Vous trouverez plus d’informations ici. On vous conseille vraiment de la prendre.

Enfin, concernant les photos, il nous semble avoir vu le logo les interdisant à l’entrée, mais beaucoup de visiteurs en faisaient, donc on se sait pas quoi vous dire.

Les collections et la scénographie

L’établissement regroupe quasi exclusivement des sculptures en plâtre, en bronze ou en marbre de Rodin. On y admire, entre autre, le Penseur, les figures d’Honoré de Balzac et de Victor Hugo, ou encore le groupe des Bourgeois de Calais commandé initialement par la ville de Calais à l’artiste. Il représente un épisode plus ou moins légendaire de la Guerre de Cent ans, où six bourgeois de la ville de Calais se seraient rendus au roi d’Angleterre pour sauver ses habitants. L’histoire est ici, mais elle est fortement contestée par les historiens actuels. Il n’en reste pas moins que ces corps maltraités et ses visages marqués par la souffrance et la peur laissent des frissons aux spectateurs. Car en visitant le musée, on comprend à quel point Rodin était un génie des émotions.

Les bourgeois de Calais, ensemble, bronze

On trouve également dans le parcours trois salles dédiées aux collections de l’artiste : deux qui regroupent les œuvres qui l’ont influencé et une qui rassemble les toiles de Van Gogh et de Renoir, que Rodin collectionnait. Une des salles est, quant à elle, consacrée à Camille Claudel, avec les Causeuses.

Au niveau de la scénographie, la visite débute avec deux écrans présentant les techniques de calcul utilisées par Rodin pour sculpter. Contre toute attente, le lieu se prête bien à l’exposition des collections, et la décoration, qui contraste avec celle utilisée actuellement dans bons nombres de musées, ne vient pas effacer les œuvres. Le choix de n’avoir aucun panneau est audacieux mais propre une véritable immersion. Le lieu incite vraiment à la contemplation et à l’extase. Si vous souhaitez en savoir plus sur Rodin, il vous faudra opter pour un audioguide.

Mon avis

Le musée Rodin a fait le choix de garder une partie de son musée historique, en proposant une scénographie sans panneau et sans explication. L’ambiance du musée est particulière et donne vraiment une âme à l’institution, un sens aux oeuvres de Rodin et une visite qui tend véritablement vers l’expérience.

A faire avec les enfants, et idéalement avec la tablette (qui captivait les bambins que j’ai croisé).

Sources

https://fr.wikipedia.org/wiki/Musée_Rodin

https://fr.wikipedia.org/wiki/Les_Bourgeois_de_Cal...

http://www.musee-rodin.fr/fr

http://www.leparisien.fr/loisirs-spectacles/reouve...

Musée

Tarif plein: 10€

Tarif réduit (18-25 hors UE, pour tous le mercredi à partir de 15h) : 7€

Billet jumelé musée Rodin Paris + musée Rodin Meudon : 13€

Jardin des sculptures: 

Tarif plein: 4€

Tarif réduit: 2€

Audioguide

Français/anglais/espagnol : 6€

Parcours enfant sur tablette: 

A partir de 6 ans : 6€