Situé à 17 km à l’est de Besançon, le village de Nancray accueille depuis 1988 un musée un peu particulier : celui des maisons comtoises. Avec 29 maisons rurales remontées, l’écomusée se fait le gardien de la mémoire de l’histoire ethnologique de la Franche-Comté, comme le souhaitait son créateur, l’abbé Jean Garneret.

Ce qu’il faut savoir

Le Musée des Maisons comtoises est considéré comme un écomusée. Il répond à la définition faite en 1981 par Hugues de Varine et Georges-Henri Rivière, en se centrant sur des acteurs et en fédérant autour d’un projet et d’un patrimoine.

Pourtant, le musée de Nancray relève aussi de l’ethnologie, discipline née à la fin du XVIIIe siècle, lorsque les explorateurs ramènent en Europe des objets et descriptions de la vie quotidienne de ces peuplades éloignées. Les connaissances collectées donnent lieu à des études documentaires sur les sociétés qu’on estimait archaïques à l’époque.

L’attrait pour l’exotisme se poursuit au XIXe siècle, alors que la France est en pleine mutation sociale. L’exode rural vide en partie les campagnes au profit des villes qui offrent de très nombreux emplois. Quelques savants voient dans ce changement des modes de vie, un changement culturel et une perte des savoirs ruraux. Ils décident alors de sillonner les campagnes pour collecter les traditions de ce monde en voie d’extinction, reprenant les méthodes de travail des explorateurs qu’on appelle désormais des ethnologues. Les enquêtes sont autant portées sur les outils agricoles, que la motorisation menace, que sur les croyances populaires. Pourtant, cette culture locale peine à véritablement intéresser et reste l’affaire de quelques « illuminés » jusqu’aux travaux de Georges-Henri Rivière. En donnant naissance au Musée des Arts et Traditions Populaires, il offre une reconnaissance à la culture populaire, à l’origine des écomusées.

Cette patrimonialisation de la culture rurale va se révéler particulièrement intéressante pour certaines régions de France, dont la culture est assez tranchée, comme la Franche-Comté. La région alterne les zones de plaines et de montagnes. Certains de ses territoires sont aux confins avec l’Alsace et la Suisse, expliquant des changements architecturaux et culturels. La Franche-Comté est également restée fortement agricole, ce qui explique pourquoi une partie des fermes présentées ont été utilisées aussi longtemps. Une ressource qui a permis au musée de recueillir l’âme de la campagne, tout en remplissant une mission de transmission des savoirs.

Préparer sa visite

Le musée est ouvert de mi-mars à début novembre. Il faut compter trois bonnes heures pour visiter les lieux, sans faire les activités. Le parcours se fait en grande partie à l’extérieur, l’idéal est donc de visiter le lieu quand il ne pleut pas, avec des baskets ou des chaussures fermées, car certains sentiers sont parfois un peu délicats.

Promenons-nous dans les bois

Le musée a tout de même le label handicap, assurant une très bonne accessibilité. Le site est praticable en fauteuil roulant et sur les gros sentiers. Pour les personnes sourdes et malentendantes, le site propose aussi des vidéos en langues des signes grâce au numérique. Le programme, Time, se présente sous la forme de vidéos, visible sur un appareil mobile en se connectant au wifi du musée. Aucun téléchargement n’est nécessaire pour profiter des explications en LSF, en français sous-titrés ou encore en allemand. Les vidéos se déclenchent tout au long de la visite, grâce à 16 bornes. Time propose aussi un parcours-jeux pour les enfants.

Le lieu offre également de nombreux ateliers, notamment pour les enfants. Ils changent quotidiennement, et sont indiquées sur un tableau à l’entrée du musée.

Atelier vannerie

Les chiens sont autorisés sur le site, en laisse bien sûr à cause des animaux du site.

Les animaux sont naturellement en enclos

Enfin, le musée possède une très belle boutique avec des produits régionaux et diversifiés et un restaurant, ouvert de début mai à début octobre.

A noter qu’une nouvelle maison sera visitable en juillet : la caborde, cabane traditionnelle du monde vinifère.

Vue sur la caborde en construction, juin 2017

Venir à Nancray

Pour venir à Nancray, le plus simple reste la voiture. Il n’y a pas de gare et peu de bus. Il n’y a pas non plus de lieu pour loger sur place, mais le village se trouve près de Besançon et d’Ornans, et peut s’inscrire dans un circuit en Franche-Comté.

Le musée

Le site regroupe une trentaine de fermes allant du XVIIe au XIXe siècle, qui ont été données ou achetées par le musée, parfois pour un euro symbolique, démontées, transportées et remontées dans l’enceinte du musée. Mais le lieu ne présente pas que de vieilles bâtisses, mais également des objets caractéristiques de chaque époque. Au total, il compte plus de 22 000 objets, allant du linteau de porte au napperon sur une commode.

Intérieure d'une maison du XXe siècle

Le poêle, pièce centrale de la maison

Un lit, une chaise, des rouets et une table à manger dans la même pièce

Les habits du dimanche sont sortis: chambre de la seconde moitié du XXe

Chaque demeure est une véritable capsule temporelle.

Les maisons ont toute une architecture différente, en fonction de leur provenance, avec des colombages et du torchis pour le Sundgau, tout en longueur pour les fermes de la Bresse et en grès rose pour celles des Vosges saônoises. Leur fonction diffère également, certaines étant des lieux d’habitations, de fabrication du pain ou du fromage ou de stockage, comme la grange.Habitations typiques de Sundgau

Moule à comté, l'incontournable de la région

Remise des années 1960/1970

Les maisons sont regroupées par « régions », et sont souvent de différentes époques pour marquer les changements sociaux. Certaines ne proposent aucun panneau explicatif, d’autres ne contiennent que des panneaux thématiques (l’hygiène, la température, les croyances) ou relatif à l’histoire du musée. A l’extérieur, des petits panneaux tactiles proposent de toucher les différents matériaux de construction. D’ailleurs, le musée est complètement immersif, on entre dans les demeures, on voit et on touche des objets, on écoute le chant des oiseaux et on profite du parfum des fleurs dans les jardins.

Matériau de construction: le chêne, le torchis et l'argile

Le potager, l'indispensable de la maison rurale

La chapelle du musée

Dans certaines maisons, des films transportent au début de la télévision. Dans d’autres, ce sont des intervenants qui présentent une spécificité, comme la lirette, technique de récupération, qui permettait de réutiliser les vêtements usés sans avoir à les jeter.

Car le musée joue également un rôle éducatif en matière d’environnement en nous forçant de constater que les « anciens » s’adaptaient à leur territoire et vivaient en osmose avec la nature. Une sensibilisation qui est présente à travers les nombreux jardins mais aussi la présence d’animaux. Le tout sans tirer sur la carte de la nostalgie et du fameux « c’était mieux avant », rendant la visite attractive pour tous les publics.

Le Jura, pionnier dans les sports de glisse

La petite maison dans la prairie

Mon avis

La visite est difficile à raconter, car elle est personnelle et donc fluctuante. Alors que le lieu laisse imaginer une certaine ode à la nostalgie, c’est en réalité tout le contraire. Le site retrace des histoires de vies locales, tellement enrichissantes mais si rarement valorisées et respectées dans les musées. Une visite à faire en famille, et surtout avec des enfants.

Bonus

Si vous êtes amateur de fromage, il existe à Nancray une coopérative fromagère avec un excellent rapport qualité/prix. Elle se trouve au cœur du village, près de la brasserie, au croisement de la rue du stade et de la Grande rue. N’hésitez pas à y faire un petit tour.

Sources

https://fr.wikipedia.org/wiki/Maisons_Comtoises_de_Nancray

http://www.maisons-comtoises.org

http://www.nonfiction.fr/article-6572-que_sont_les...

Adulte (haute saison*)  : 9€

Adulte (basse saison**)  : 6,50 €
Tarif réduit : 5,50 €
Enfant de 6 à 16 ans : 5€
Enfant de moins de 6 ans : gratuit
Famille : 25,00 €

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