Situé à Colombey-les-Deux-Eglises, le mémorial Charles-de-Gaulle a ouvert ses portes en 2008. Construit au pied de la très emblématique Croix de Lorraine, le lieu retrace la vie d’un des personnages les plus influents du XXe siècle : le Général de Gaulle. Les travaux ont été lancés en 2006 par Jacques Chirac, pour remplacer un premier mémorial inauguré le 18 juin 1972. Si le bâtiment semble froid, contrairement à celui de la Boisserie, qui se visite également, le bâtiment propose une scénographie très originale qui rend la visite extrêmement vivante mais également très neutre, en rendant ainsi honneur à ce personnage qui reste autant admiré que critiqué.

Ce qu’il faut savoir

Rien ne prédestinait Charles de Gaulle a croisé un jour la route de ce petit village de Haute-Marne. Il nait en effet à Lille en 1890 dans une famille aisée dont la mère est passionnée de politique.

Fier d’être français, il souhaite dès son adolescence servir son pays. Il rédige à ses 15 ans une nouvelle dans laquelle il se décrit comme un général qui sauve son pays…  Il entre à 18 ans à Saint-Cyr et devient officier. Il rejoint alors l’infanterie sous les ordres du Général Pétain. Durant la Première Guerre Mondiale, Il est fait prisonnier et profite de sa captivité pour écrire à ses proches mais aussi de réfléchir sur la modernisation des équipements de l’armée, qu’il juge nécessaire pour gagner de futurs conflits. Il ne cessera alors de répéter aux politiques la nécessité d’investir dans des blindés.

Lorsque le second conflit mondial éclate, Charles est colonel à la tête d’une division de blindés. Il mène plusieurs batailles pour défendre son pays de l’invasion allemande. Quand la France signe l’armistice, de Gaulle refuse de se rendre et part à Londres pour organiser la résistance. Il appelle les français à s’opposer à l’envahisseur dans son appel du 18 juin 1940. Aidé par Churchill au départ, le Général réussit à devenir l’image de la France résistante. Le débarquement sera un succès, et de Gaulle devient légitime pour conduire la France. Cependant, de Gaulle ne parvient pas à se mettre d’accord avec les partis politiques et démissionne en 1946. Il connaît alors une vraie traversée du désert, qui se termine en mai 1958, quand il gagne les élections et devient président du Conseil. Il fait approuver la Ve République, qui donne plus de pouvoir au chef de l’Etat, met en circulation le nouveau franc, modernise l’industrie et renforce les institutions. Il donne surtout son indépendance à l’Algérie, alors qu’il s’était engagé à garder le département français. En 1969, après mai 68, Charles de Gaulle démissionne et quitte le gouvernement. Il se retire dans sa propriété de Colombey-les-Deux-Eglises, et y mourra 18 mois plus tard.

Charles de Gaulle et son épouse, Yvonne, achètent en 1934 une résidence secondaire dans ce village de la Haute-Marne, pour protéger leur fille Anne, atteinte de trisomie 21, des regards. Ancienne brasserie, la maison est renommée La Boisserie et appartient encore à la famille du Général.

Un an après la mort du général, Georges Pompidou constitue un comité pour installer dans ce petit village un monument, symbole de la France Libre. La souscription lancée recueille 5,5 millions de francs. 35ha de terrain sont achetés, et le Liban envoie 1 000 cèdres pour boiser le lieu. Pour le monument, c’est le projet de la croix de Lorraine en béton armé de 44m de haut qui est retenu parmi 12 projets. Il est inauguré le 18 juin 1972 par le président Pompidou.

En 2013, la fondation Charles-de-Gaulle, qui gère le lieu lance une nouvelle souscription, tout aussi réussie, pour rénover la croix.

En 1954, Charles de Gaulle déclare à un journaliste qu’il souhaiterait qu’un lieu de mémoire soit érigé dans son village d’adoption. Après la souscription de 1972, un premier mémorial est créé à la Boisserie.

En 2006, Jacques Chirac souhaite créer un vrai mémorial. Ce sont les architectes du Mémorial de Caen, Jacques Millet et Jean-Côme Chilou, qui imaginent le bâtiment, qui prend place au pied de la croix. Il est inauguré le 11 octobre 2008, soit 50 ans après la rencontre à la Boisserie entre le Général de Gaulle et le chancelier Konrad Adenauer, par Nicolas Sarkozy en la présence de la chancelière allemande, Angela Merkel.

Préparer sa visite

Le Mémorial est situé dans un petit village et s’articule autour de 3 lieux : le Mémorial et la Croix, la Boisserie et la tombe du Général. Seule la visite de cette dernière est gratuite (l’Ascension à la Croix de Lorraine coûte 6€).

Le lieu regroupe plusieurs services, dont une cafétéria. Il est également accessible aux personnes à mobilité réduite, avec plusieurs sièges à disposition. Des audioguides sont proposés pour les personnes déficientes visuelles.

La visite est trilingue, avec des panneaux en français, en anglais et en allemand. Un audioguide existe pour les personnes néerlandophones ainsi que pour les enfants.

A souligner (c’est tellement rare), le lieu accepte d’accueillir les chiens tenus en laisse ou portés, et la cafétéria propose des récipients pour faire boire son animal. Inutile de rappeler aux propriétaires que la démarche est suffisamment exceptionnelle et que pour cela reste possible, il faut être irréprochable.

Comment se rendre au Mémorial

Pas la peine de vous faire un dessin non plus, pour accéder à un petit village au fond de la Haute-Marne, il faut s’armer de patience.

Il existe une gare TER à Chaumont, qui est sur la ligne Paris-Est/Mulhouse. A partir de là, vous trouverez un bus qui va à Colombey-les-Deux-Eglises. Les renseignements sont justes ici.

L’idéal est d’opter pour la voiture ou le co-voiturage. On vous conseille de prendre un GPS, les panneaux de signalisations étant un peu manquants.

Le Mémorial et la Boisserie possèdent chacun un grand parking, la croix de Lorraine est accessible depuis le Mémorial. Pour la tombe du Général, on ne peut pas vous aider, mais on image qu’un cimetière a un parking.

L’exposition et la scénographie

A l’entrée du mémorial, c’est une sculpture plutôt moderne d’un Général très longiligne qui nous accueille. Un Général loin de son heure de gloire parisienne, qui annonce au visiteur qu’il est dans le village que de Gaulle avait choisi pour se retirer pour finir sa vie.

Passé la porte, ce sont les voitures officielles du Président qui se tient devenant nous… La visite n’a pas débuté et nous nous interrogeons déjà sur ce personnage et son parcours.

Le parcourt commence au 3eme niveau avec la Croix de Lorraine. Un ascenseur permet d’y accéder directement, mais si vous êtes courageux ou que vous souhaitez attendre la fin de la visite pour découvrir le symbole de la France Libre, il y a des escaliers sur le côté gauche du Mémorial.

On redescend ensuite au second niveau pour aborder la visite du mémorial à proprement parler. Le parcours est chronologique et balaye en une dizaine de « tableaux » presque un siècle. Chaque section est accompagnée de photos et d’installations pour contextualiser la période ou l’événement : la chambre d’enfants du début du XXe siècle, les tranchées durant la Première Guerre Mondiale, les avions de la Seconde, les appels radios, les prospectus, la publicité sur les murs, les barricades ou encore le caddie du supermarché.

Le fil conducteur est l’écriture : avec beaucoup de citations de Charles de Gaulle à tous ses âges, retranscrites sur les murs, diffusées sur des écrans ou apposés sur des documents. Une mise en lumière réussie puisque le métier d’écrivains de l’ancien Président est loin d’être le plus connus du Grand Public.

Le mémorial joue beaucoup de sa hauteur sous plafond pour projeter des photos, des films, mais aussi pour proposer des tableaux en hauteur ou avec des présentations atypiques. Rien n’est plat, les installations se répondent, sont éclatées, en relief, et tout se lit en bougeant la tête, en levant les yeux, notamment dans la partie consacrée à la Seconde Guerre Mondiale, où l’on cherche d’où vient le danger. Les bruits de pas, d’avions, les acclamations et les installations aux sols qui ralentissent notre progression dans les tableaux de guerres, viennent compléter la visite, et l’on a le sentiment de traverser et de vivre ce siècle de tous les extrêmes.

Le lieu se veut aussi très intime. Il présente des photos de famille, aborde des faces cachées de de Gaulle, avec ce rapport à l’écriture et ce sens de la tournure qu’on découvre et redécouvre tout au long de la visite, ses qualités linguistiques mais aussi la déchéance d’un homme qui finit par se retrouver seul contre tous.

Après l’enfance, la guerre, la gloire, la traversée du désert, la Présidence, la visite se termine dans des salles sombres, pesantes, jusqu’à l’arrivée dans l’Eglise, où les chants funestes clôturent la visite.

Une visite un peu déstabilisante, car la bonne humeur qu’on éprouve à l’étage (dans les salles de guerre), disparaît au rez-de-chaussée alors que la France est sauvée. Car le parcours réussit à rendre ce grand personnage de l’Histoire de la France humain et attachant, sans pour étant être à sa gloire. Un mémorial réussi, intelligent qui propose de découvrir un homme mais aussi un siècle qu’on croit connaître.

La Boisserie

Située à la sortie du village, le bâtiment est caché au fond d’un parc boisé. Une plaque commémorative est apposée sur les piliers qui encadrent l’entrée. La demeure est encore habitée par les descendants du Général, et notamment son fils, l’Amiral Phlippe. Même si la famille vient peu, certaines pièces ne sont pas visitables. Les photos sont également interdites. Il y a quelques panneaux explicatifs sur les murs, notamment à l’endroit où l’ancien chef de l’Etat mourut d’une rupture d’anévrisme. La maison est, à la grande surprise, extrêmement simple. Il n’y a pas de dorures, les sols carrelés est vieillot et extrêmement banal. Seul quelques jolis objets et des cadeaux faits à Charles de Gaulle rappelle que nous sommes dans la demeure d’un Président. Une autre idée de la fonction de serviteur de l’Etat en somme. 

Bonus

Chaque année, entre le 18 juin et le 31 août, un spectacle son et lumière est organisé sur la Croix de Lorraine. Les renseignements sont à prendre ici.

Mon avis

Un mémorial idéal est toujours très réfléchi pour pouvoir offrir un regard neutre sur son sujet. Comme pour le Mémorial de Verdun ou des Déportés et Martyrs de la Seconde Guerre Mondiale, le lieu regorge d’installations et de clins d’œil. Ici, tout tourne autour de l’écriture. Le lieu n’est pas à la gloire de de Gaulle, il retrace l’histoire du Général pris dans les tumultes de la Grande Histoire. La pédagogie, ses approches généralistes et ses anecdotes en font un lieu qu’on peut découvrir en famille, même avec des plus petits, entre spécialistes ou entre curieux. 

Sources

https://fr.wikipedia.org/wiki/Mémorial_Charles-de-Gaulle

http://www.memorial-charlesdegaulle.fr

https://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_de_Gaulle

Mémorial, la Croix de Lorraine et la Boisserie

Tarif plein: 16,5€

Tarif réduit: 15€

Famille (deux adultes, deux enfants): 50€

Mémorial et la Croix de Lorraine

Tarif plein: 13,5€

Tarif réduit: 11€

Croix de Lorraine: 6€

Plus de tarifs, conditions réduit ici